Philippe Dumas et Boris Moissard, Contes à l'envers
Voici cinq contes « classiques » minutieusement démontés confrontés aux réalités d'aujourd'hui, ironiquement remontés et illustrés avec humour : La belle histoire de blanche-neige, Le Petit Chaperon bleu marine, Le don de la fée Mirobola, La Belle aux doigts bruyants et Conte à rebours.
Ce petit recueil de contes, vous devez très certainement le connaître. C’est une relecture pour moi et le plaisir est toujours là. En cette période de Noël, il peut constituer une très bonne idée de cadeau !
Prenez les contes classiques de votre enfance, ajoutez une bonne dose d’humour et une pincée d’ironie, saupoudrez le tout de fantaisie, et vous obtiendrez ces Contes à l’envers qui revisitent de manière étonnante et détonante des contes tels que « Le Petit Chaperon Rouge », « La Belle au bois dormant » ou encore « Les Fées » de Perrault. Mais ces histoires, si elles font sourire, font également réfléchir.
Dans « La Belle histoire de Blanche-Neige », les femmes ont pris le pouvoir sur les hommes ! Bon, disons qu’elles sont surtout considérées comme leurs égales, mais c’est déjà ça. Ce n’est pas un mais une présidente qui dirige tout ce petit monde. Elle raffole des sondages qui lui permettent de se tenir informée de sa cote de popularité. Mais un jour, elle apprend qu’il y a une personne aussi intelligente qu’elle – et belle, qui plus est ! C’en est trop, Blanche-Neige doit mourir !
« Le Petit Chaperon Bleu Marine » met en scène la petite-fille de l’illustre Petit Chaperon Rouge qui a grandi et est devenue une gentille vieille dame habitant seule et racontant à loisirs ses exploits. Exploits qui n’ont pas échappé à la petite Lorette qui aimerait, elle aussi, vivre une incroyable aventure et pourvoir à son tour la raconter à tout le monde. Mais n’est pas héroïne de conte qui veut ! Dans ce conte revisité, ce sont les loups qui doivent se méfier des petites filles.
Jean-François est le héros du troisième conte, « Le don de la fée Mirobola ». Le pauvre garçon est malheureux. Orphelin, il vit avec son oncle qui le maltraite et fume à longueur de journée. Un jour, la fée Mirobola qui habite dans le même immeuble, lui offre un don. Malheureusement pour Jean-François, le cauchemar continue… Mais c’est un conte et les choses finiront par s’arranger.
Dans « La Belle au doigt bruyant », il y a un prince. Enfin, Clément est surtout convaincu d’être un prince alors qu’il n’en est rien. Disons que c’est un prince raté à qui il manque un château et une princesse. Et puis Louise naît. Elle n’habite pas très loin mais la pauvre n’a pas de chance, sa vilaine tante Elisabeth lui fait une prédiction funeste pour son avenir. C’était sans compter l’intervention du cousin Bertrand…
Enfin, « Conte à rebours » est l’histoire de François Luné. Il n’est pas tout à faire comme les autres gens : il marche à reculons. C’est incurable et le pauvre homme vit tant bien que mal avec cette particularité. A la cour, le roi Livarot et la reine Aubergine donnent naissance à une petite fille. Lorsqu’elle commence à marcher à treize mois, c’est le drame. L’enfant ne marche pas dans le bon sens. Les deux personnages ne tarderont pas à se « rencontrer ».
L’œuvre en quelques mots…
« Il était une fois un pays merveilleux où les femmes avaient pris leur revanche sur les hommes, elles pouvaient enfin devenir maçon, plombier ou champion de boxe et laissaient à leurs maris le soin de torcher les enfants et de repriser les chaussettes. » (« La belle histoire de Blanche-Neige », p.5)
« Lorette, j’ai omis de le dire, depuis son plus jeune âge, a toujours été très envieuse de la réputation de sa grand-mère, dont tout le monde connaît les exploits et les raconte aux enfants du monde entier depuis deux générations. « Pourquoi moi aussi ne deviendrais-je pas quelqu’un de célèbre? » s’est-elle toujours demandé. » (Le Petit Chaperon Bleu Marine », p.18)
« Il y a encore, de nos jours, quelques fées en exercice. […]
Seulement l’époque n’est plus très propice aux féeries. Les gens aujourd’hui ne s’intéressent qu’à la science. Ce qui les épate, c’est une voiture qui monte à trois cents à l’heure; un crapaud changé en prince charmant ne ferait pas trois lignes dans le journal. Alors les fées se sont faites le plus discrètes possible, elles ont rangé leurs belles robes et tout leur matériel de fées et elles n’usent de leurs pouvoirs qu’en cas d’urgence et sans le moindre tourbillon de lumière. Elles travaillent incognito. » (« Le Don de la fée Mirobola », p.27)
« Un autre mercredi après-midi, il avisa dans un jardin public une princesse qui dormait sur un banc, victime d'un sortilège. Clément s'approcha d'elle et lui fit un baiser : l'endormie se réveilla, mais en poussant des cris d'orfraie, et une dame accourut, qui traita le jeune preux de tous les noms et lui tira les oreilles : manifestement ici, personne n'attendait de Prince Charmant. » (« La Belle aux doigts bruyants », p.44-45)
« Dans la bonne ville de Frask, capitale de la Boursoulavie occidentale, vivait un malheureux nommé François Luné - malheureux du fait qu'il ne marchait pas dans le même sens que tout le monde.
François Luné marchait à reculons et ça lui gâchait l'existence : pour être heureux, il faut d'abord passer inaperçu. » (« Conte à rebours », p.53)