Nancy Houston, Instruments des ténèbres
« Bientôt cinquante ans : suis-je vieille ? D'après Stella, on soit qu'on commence à vieillir quand les gens cessent de vous traiter d'"épatante" et se mettent à vous traiter de "brave" ou de "pétillante"… Mais pour le moment il me semble que ma beauté, plutôt que se faner ne fait que s'infuser comme du bon thé, devenant chaque jour plus âpre et plus savoureuse. Combien d'hommes ont rendu visite à mon corps ? »
Une Américaine, écrivain, décide de retracer le parcours de jumeaux orphelins nés au XVIIIe siècle. Peu à peu, la vie de la narratrice rejoint l'histoire qu'elle a entrepris de raconter. A travers plus de deux siècles, Nadia et Barbe deviennent jumelles dans la négation de leur identité et de leur souffrance.
Voici mon premier roman de Nancy Houston et j’avoue être déçue. J’ai lu tellement de bien, sur divers blogs, au sujet de cette auteure d’origine canadienne que j’en attendais beaucoup. Peut-être que tout le monde n’arrive pas à entrer dans son univers ? Peut-être n’ai-je pas commencé par le bon roman ? Quoi qu’il en soit, ce premier rendez-vous est un échec.
Quand on apprécie seulement la moitié d’un livre, peut-on dire qu’on l’a apprécié ?…
Instruments des ténèbres est construit en diptyque : d’un côté nous suivons la narratrice, Nadia, de l’autre nous marchons sur les traces de deux jumeaux, Barbe et Barnabé, au XVIIIe siècle. Dès la naissance, les jumeaux connaissent le malheur puisque leur mère décède. Barnabé est élevé dans un prieuré, comme d’autres orphelins de la région, Barbe est prise en charge par la meilleure amie de sa mère. Mais cette dernière meurt et la petite fille passera de village en village avant de trouver un peu de stabilité chez une aubergiste qui a une fille de son âge. Alors que Barnabé évoluera dans la tranquillité de son prieuré, Barbe connaitra la misère et tout ce qu’elle peut avoir de plus sordide. Les chemins des jumeaux se croiseront très rarement, jusqu’au sacrifice final. Nadia, elle, écrit parce qu’elle a « besoin de confronter la mort de [son] frère jumeau, et la catastrophe du mariage de [ses] parents. » Inutile donc de préciser que le roman qu’elle écrit est en partie lié à sa vie. Si Nadia apparait, au début du roman, cynique et indifférente à tout, elle déclare à la fin n’avoir « plus de place pour la haine ». Le pari est donc gagné et un nouveau départ est permis par l’écriture.
Alors quoi ? Qu’est-ce qui m’a bloquée ? Eh bien, si j’ai beaucoup apprécié l’histoire de Barbe et Barnabé, je n’ai pas aimé les passages méditatifs de Nadia, j’ai même souffert à leur lecture, attendant impatiemment de découvrir la suite des aventures des jumeaux. Car il y est question de dieu, de dieu, de dieu… enfin j’exagère peut-être, mais les nombreuses digressions de la narratrice sur son « témoin » m’ont particulièrement rebutée.
Les avis très différents de Sophie et Rose.
L’œuvre en quelques mots…
« Chacun de nous transporte en soi le centre de l’univers. »