Mathias Malzieu, La mécanique du coeur
Edimbourg, 1874 : le jour le plus froid du monde. Lorsque Jack naît, son cœur gelé se brise immédiatement. La sage-femme le remplace par une horloge et le sauve. Depuis lors, il doit prendre soin d'en remonter chaque matin le mécanisme. Mais gare aux passions ! Le regard de braise d'une petite chanteuse andalouse va mettre le cœur de Jack à rude épreuve...
C’est terrible ! Il m’est arrivé exactement la même chose qu’avec Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi !!! J’ai adoré le début du roman, mais vraiment ! La courte introduction (que l’on retrouve en contexte par la suite) est envoûtante : « Premièrement, ne touche pas à tes aiguilles. Deuxièmement, maîtrise ta colère. Troisièmement, ne te laisse jamais, au grand jamais, tomber amoureux. Car alors pour toujours à l’horloge de ton cœur la grande aiguille des heures transpercera ta peau, tes os imploseront, et la mécanique du cœur sera brisée de nouveau. » J’ai trouvé l’idée de départ formidable et la prose de Mathias Malzieu tout simplement délicieuse ! J’ai suivi avec un intérêt démesuré la venue au monde du petit Jack, je l’ai vu grandir avec plaisir auprès de Madeleine, cette femme qui « répare » les laissés-pour-compte. J’ai souri en lisant les mésaventures de Jack en compagnie de deux prostituées au grand cœur qui tentent de lui apprendre des mots plus ou moins poétiques. J’ai été émerveillée par la description de la petite andalouse lorsque Jack l’aperçoit pour la première fois. Mathias Malzieu est un véritable poète et comme je regrette de ne pas réussir à rentrer totalement dans son monde ! A partir du moment où Jack quitte Edimbourg pour retrouver la chanteuse qui cause bien du tort à son petit cœur artificiel, j’ai un peu décroché… C’est bizarre quand même parce que dès lors qu’il la retrouve, les deux personnages sont heureux et la lectrice sensible que je suis devrait fondre de plaisir… Mais non… je me suis lassée et j’ai été déçue par la fin. Le récit qui était si prenant au départ perd de son souffle, et la révélation finale gâche un peu l’ensemble.
J’estime quand même que l’auteur mérite d’être lu. Une adaptation est apparemment prévue, j’ai hâte de voir ce que cela pourra donner !
J’ai fait de La mécanique du cœur une lecture commune avec Dunky, et je vous invite à aller lire son avis !
L’œuvre en quelques mots…
« Je croyais que je venais d’entendre le son le plus ravissant de toute ma vie, mais je n’étais pas au bout de mes surprises pimentées. Une fille minuscule avec des airs d’arbre en fleur s’avance devant l’instrument de musique et commence à chanter. Le son de sa voix rappelle le chant d’un rossignol, mais avec des mots. […]
Ses bras ressemblent à des branches et ses cheveux noirs ondulés embrasent son visage comme l’ombre d’un incendie. Son nez magnifiquement bien dessiné est si minuscule que je me demande comment elle peut respirer avec – à mon avis, il est juste là pour décorer. Elle danse comme un oiseau en équilibre sur des talons aiguilles, féminins échafaudages. Ses yeux sont immenses, on peut prendre le temps de regarder à l’intérieur. On y lit une détermination farouche. Elle a un port de tête altier, telle une danseuse de flamenco miniature. Ses seins ressemblent à deux petites meringues si merveilleusement bien suites qu’il serait inconvenant de ne pas les dévorer sur-le-champ. »
« J’essaie de regarder dans ses yeux, mais son incroyable bouche a kidnappé les miens. Je ne pensais pas qu’on puisse passer autant de temps à observer une bouche. »