Marie Le Gall, La peine du Menuisier
La narratrice grandit dans une atmosphère lourde de non-dits, dans une maison écrasée par le silence, dont les murs de pierre suintent le mystère… Son père n’est qu’une ombre solitaire. Pourquoi celui qu'elle appelle le Menuisier est-il si lointain ? Pourquoi sa famille semble-t-elle perpétuellement en deuil ? Elle aimerait poser des questions, mais on est taiseux dans le Finistère. Des années lui seront nécessaires pour percer le secret de son ascendance, mesurer l'invisible fardeau dont elle a hérité. D'une plume à la fois vibrante et pudique, Marie Le Gall décrypte l'échec d'une relation père-fille.
Comme vous le savez, j’ai choisi ce roman dans la sélection littérature du Prix des lecteurs pour le mois de février. Si c’était à refaire, je ne choisirais pas ce titre, ce qui veut tout dire.
C’est l’histoire d’une enfance, celle de Marie-Yvonne auprès de ses parents, en Bretagne, région dont la langue résonne au fil des pages. C’est l’histoire d’un amour silencieux qui unit deux êtres : la narratrice et son père, surnommé « le Menuisier », à défaut d’un tendre « Papa » que leur relation si particulière n’a jamais autorisé. C’est l’histoire d’une enfance parsemée des petites joies traditionnelles – la douceur d’une grand-mère, le goût des bonbons, les pas sur le sable – mais une enfance sur laquelle est venu se poser le voile de la mort. Et c’est là où le bât blesse. Si j’ai trouvé ce roman extrêmement bien écrit et prometteur (c’est le premier roman de Marie Le Gall), je l’ai trouvé très sombre et quelque peu lassant. La mort y est omniprésente, elle emporte les vivants et s’expose dans des cadres en bois. La narratrice nous laisse espérer une révélation capitale, c’est ce qui pousse d’ailleurs le lecteur à tourner les pages, mais cette révélation, qui finit par arriver, est particulièrement décevante.
Une jolie langue donc, mais un roman dont je ne garderai sans doute pas longtemps le souvenir.
Quelques avis : Sophie, Sandrine, Sylde.
L’œuvre en quelques mots…
« Chacun de nous naît au moins deux fois. Le jour de l’accouchement de sa mère et celui de son premier souvenir.
Je suis née à quatre ans dans un face-à-face foudroyant avec la mort. Rescapée, je ne sais comment. » (p.11)
« Quand j’ai ouvert les yeux pour la première fois et qu’il s’est penché au-dessus du berceau pour découvrir celle qu’il n’attendait plus, nous avons fait connaissance dans un mutisme infini, celui qui régnerait en maître absolu sur nos deux vies. J’avais un jour. Lui, cinquante-deux ans. » (p.15)