Lyonel Trouillot, La Belle Amour humaine
A bord de la voiture de Thomas, son guide, une jeune occidentale, Anaïse, se dirige vers un petit village côtier d’Haïti où elle espère retrouver les traces d’un père qu’elle a à peine connu et éclaircir l’énigme aux allures de règlement de comptes qui fonde son roman familial. Le caractère particulier de ce voyage encourage bientôt Thomas à prévenir la jeune femme qu’il lui faudra très probablement renoncer à une telle enquête pour faire l’expérience, dans ce village de pêcheurs dont il est lui-même issu, d’un véritable territoire de l’altérité où les lois sont amicales et flexibles, les morts joyeux, et où l’humaine condition se réinvente sans cesse face aux appétits féroces de ceux qui, à la manière du grand-père d’Anaïse et de son complice en exactions, le “colonel” – tous deux jadis mystérieusement disparus dans un incendie –, cherchent à s’octroyer un monde qui appartient à tous.
Voici un roman qui traînait dans ma PAL depuis plus d’un an et dont j’ai sans cesse repoussé la lecture, sans trop savoir pourquoi. Mais je devine aisément ce qui m’avait attirée vers lui : d’abord sa couverture aux couleurs chaudes, ensuite son titre, énigmatique et joliment formulé. Je ne sais pas si ce roman était fait pour me plaire, ce qui est sûr c’est que je ne lui ai pas fait honneur. Lu par petits bouts, arrêté puis repris, il a fallu lutter pour en venir à bout (petite panne de lecture qui dure…) et je ne suis même pas sûre d’avoir bien compris l’histoire.
A bord de son taxi, Thomas fait découvrir à Anaïse, la jeune femme qu’il a récupérée à l’aéroport, la beauté de son île, Haïti. Il la conduit vers un petit village de pêcheurs, Anse-à-Fôleur, où son père s’est éteint et où elle espère bien trouver les réponses à ses questions. La voiture avance, le paysage défile, la parole se délie et le passé refait surface. Thomas raconte. L’amitié entre Robert Montès, grand-père d’Anaïse et homme d’affaires crapuleux, et Pierre Marie Pierre, ancien colonel à la retraite, en a surpris plus d’un. Et lorsque leurs maisons jumelles ont brûlé, le silence des habitants s’est fait plus lourd et l’enquête n’a pas abouti…
J’ai beaucoup aimé la plume de Lyonel Trouillot, un auteur que je lisais pour la première fois. Un style empli de poésie, des mots qui se lisent comme une musique, une partition sans fausse note. Malheureusement, je n’ai pas réussi à entrer dans l’histoire et le long monologue de Thomas qui occupe la majeure partie du roman n’y est peut-être pas pour rien. Trop lassant ? Trop confus ? Ne pas avoir apprécié un roman, tout en sachant qu’il est de qualité, c’est terrible ! Je prendrai soin de le relire dans quelques années, afin d’apprécier à sa juste valeur l’histoire. En attendant, vous avez le droit de me dire que je suis la seule à ne pas avoir eu un coup de cœur pour ce roman.
L’œuvre en quelques mots…
« Avec mes amis, je parle de ce dont on parle à mon âge, dans mon monde, j’essaye d’être de mon temps. Sans savoir exactement ce que cela veut dire. Tu as parlé des maladies collectives. C’est sans doute celle dont je souffre : être de mon temps, sans savoir ce que cela veut dire. Ce que je me refuse d’explorer et ce à quoi je sacrifie. C’est vrai, pour reprendre ton expression, je n’ai touché jusqu’ici que le ciel que je voyais de ma fenêtre. Les seuls humains que je connais sont ceux avec lesquels j’ai grandi. Je cherche d’autres ciels. Pour augmenter ma part de voyages humains. » (p.144)