Karine Reysset, Les Yeux au ciel
L’anniversaire du grand-père s’éternise. Scarlett ne supporte plus la présence des triplés, ses cousins aux yeux délavés. Pour les effrayer, elle leur parle du fantôme qui lui rend visite à la nuit tombée. Celle qu’elle appelle Bonnie, comme dans Autant en emporte le vent, s’est évaporée trente ans plus tôt. Les adultes, inconsolés, se souviennent. Sauront-ils enfin s’avouer ce qu’ils ont sur le cœur ?
Noé, le patriarche d’une grande famille recomposée, fête son anniversaire. Soixante-dix ans, déjà. C’est l’occasion pour tous de se réunir dans la maison familiale, située sur la côte bretonne, et d’affronter à nouveau les angoisses dissimulées et les non-dits tellement présents. Il y a Lena, la fille aînée de Noé et Marianne, qui peine à élever ses deux enfants, et Scarlett, la fille de Merlin, contrainte de vivre avec ses grands-parents à cause de l’immaturité de son père. Il y a également Stella, la tante de Scarlett, son modèle, une jeune femme qui a choisi le chemin de la liberté, mais aussi Rose, Gustav et Sydney, les triplés, qui ont traversé un océan avec leur père pour rejoindre le reste de la famille. Et parmi tous les présents, il y a cette absente, ce petit papillon dont les éclats de rire manquent cruellement…
Il est difficile pour moi de parler de ce roman car j’ai vraiment l’impression d’être passée à côté. Le style est agréable, quoique parfois surprenant, mais cela ne saurait suffire : l’histoire ne m’a pas convaincue. C’est un roman dans lequel évoluent de nombreux personnages. Trop peut-être ? Sans doute, mais uniquement en raison du nombre de pages : à peine 190, et le temps consacré à chacun est trop insuffisant. Toutefois, Karine Reysset a eu raison de multiplier les points de vue : chaque chapitre est ainsi l’occasion pour le lecteur de côtoyer les pensées d’un personnage différent. Mais cela n’empêche pas le survol de leur caractère et de leurs émotions : le lecteur n’a pas suffisamment de matière pour s’attacher à l’un ou l’autre et reste à la lisière de cette histoire familiale. Coincé entre les personnages et entre les époques, il peine à trouver sa place et à définir le véritable intérêt de ce roman : cette ombre au tableau, petite fille évanescente, n’est en effet pas assez mise en avant et elle s’efface, malheureusement, derrière des histoires personnelles somme toute assez banales.
L’œuvre en quelques mots…
« Ce n’était pas vrai, pensa-t-il, ils n’étaient pas tous réunis, il manquait sa fille. Il manquait Violette. Il ne s’était pas passé un jour sans qu’il pense à elle. Il se leva pour dire un mot à l’assemblée. La tête lui tourna, il avait trop bu, il ne devait pas gâcher la fête avec ses souvenirs. Il se rassit. » (p.126)
« Elle voulait voler, voilà ce qui s’est passé. Notre sœur, c’était un oiseau. Une fée, un papillon, ça ne vit jamais très vieux, c’est trop beau, trop fragile. Alors, avec ses ailes de libellule, elle a cru cela possible. » (p.126)