Karin Slaughter, Triptyque
1985. John Shelley se réveille après une soirée d'étudiants mouvementée à côté de sa petite amie - morte, la langue tranchée... II vivra l'enfer derrière les barreaux pour un crime dont il n'a aucun souvenir. 2006. Le détective Michael Ormewood, en patrouille dans les bas-fonds d'Atlanta, découvre le cadavre d'une jeune prostituée sauvagement assassinée, la langue arrachée d'un coup de dents. A sa sortie de prison, Shelley est poursuivi par un mystérieux maître chanteur et trouve le réconfort auprès d'une jeune inspectrice infiltrée dans le milieu des prostituées.
Si la quatrième de couverture m’a intriguée, je dois dire que ce sont surtout le titre et la photographie sur la première de couverture qui m’ont donné envie de me plonger dans ce thriller.
Le roman s’ouvre sur un article de presse du Decatur City Observer datant du 17 juin 1985 : une adolescente vient d’être retrouvée morte, probablement mutilée, selon les sources journalistiques. Dès le 1er chapitre, nous faisons un bon dans le temps et rencontrons l’inspecteur Michael Ormewood, un homme vers lequel se porte rapidement la sympathie du lecteur : son passé de militaire et les horreurs vues lors de la guerre du Golfe viennent hanter ses nuits et il est le père d’un petit garçon handicapé, Tim. Il est chargé d’enquêter sur la mort d’Aleesha Monroe, une prostituée, dont le meurtre semble avoir été particulièrement sordide. Mais Aleesha n’est pas seule et d’autres morts vont bientôt être reliées au crime dont toute la ville parle. Très vite, on impose à Michael de travailler avec Will Trent, un agent du GBI (Bureau fédéral d’investigation de Géorgie), un personnage tout aussi intéressant. C’est pour moi la grande force du roman de Karin Slaughter : celui-ci fait environ 600 pages et pourtant il n’y a pas autant d’action que dans d’autres romans, mais les personnages principaux y sont véritablement fouillés. L’auteur a pris le temps de s’intéresser à chacun d’eux, de nous présenter leurs failles. Ainsi, l’agent Will Trent tente tant bien que mal de cacher sa dyslexie et dissimule une enfance difficile, comme le fut celle d’Angie, la jeune inspectrice qui a partagé sa vie. Mais le personnage le plus intéressant du roman est incontestablement John Shelley dont nous faisons plus ample connaissance dans la seconde partie du roman. Ce dernier a passé les 20 dernières années de sa vie en prison. C’est un personnage extrêmement attachant, de par sa maladresse, ses souffrances, ses peurs et ses espoirs. Il va mener, en même tant que les agents de police, sa propre enquête et nous, lecteurs, prenons plaisir à le suivre.
Une chose est sûre, si vous aimez être surpris en lisant un thriller, vous risquez d’être déçu. Nous connaissons en effet l’identité du tueur bien avant la fin du roman. Ce n’est pourtant pas un point si négatif que cela (et pourtant, j’aime qu’on me surprenne !!!) : en effet, j’ai trouvé très intéressant de voir comment les personnages allaient parvenir à comprendre le fin mot de l’histoire et, puisque l’on a en quelque sorte deux enquêtes, de voir à quel moment celles-ci allaient se recouper.
Triptyque n’est pas un coup de cœur, mais c’est quand même une très bonne lecture !
L’œuvre en quelques mots…
« La vérité, c’était que John n’avait jamais réellement fait l’amour avec une femme. Il n’avait jamais vécu cette intimité qu’on lisait dans les livres, jamais eu une amoureuse qui lui prenait la main dans la sienne, lui caressait la nuque, et qui attirait son corps plus près du sien. En réalité, la dernière femme qu’il avait embrassée était la seule femme qu’il ait jamais embrassée. Et encore, à l’époque, ce n’était pas une femme, mais une jeune fille. John se souvenait de la date, comme si elle était marquée dans sa cervelle au fer rouge : 15 juin 1985.
Il avait embrassé Mary Alice Finney. Le lendemain matin, elle était morte. »