Janik Tremblay, Le Bonheur est assis sur un banc et il attend
Montréal. 4370, rue Fabre. Cet immeuble, ils devaient le restaurer ensemble... Mais puisque Vincent, un soir de décembre, a mis fin à ses jours, Philippe, son père, s'en est chargé tout seul. Comme un hommage. Un dernier geste. Pour ne plus penser.
Et aujourd'hui la vie semble respirer des vieilles pierres. Ici, tout le monde connaît les Larrivée, leur deuil, cet anniversaire qu'ils célèbrent malgré tout, en présence des locataires. Chaque appartement a sa petite histoire, ses drames, ses bonheurs : Madame Édouard et son chat, Jeanne et Nicolas, les amoureux, Émile et sa mémoire brûlante, Pierre et son problème d'alcool... Tous, pleins d'avenir, d'espoirs, se croisent, s'épaulent et donnent un sens, en somme, au chaos dont la mort de Vincent a baptisé les lieux. La vie, mode d'emploi...
Passons sur la grosse coquille en quatrième de couverture que j’ai dû corriger… Se tromper sur le prénom d’un personnage n’est quand même pas très commun… Bref.
Ce roman est à l’image de l’immeuble qui y est évoqué. Les chapitres sont autant de petits appartements dans lesquels évoluent les personnages. Un couple uni par le temps et la douleur, un homme détruit qui tente de se reconstruire pour retrouver la confiance de sa fille, une vieille dame solitaire, un jeune homme confronté à vérité une bouleversante, des êtres qui se cherchent, se croisent, échangent des sourires et des regards, compatissants parfois, amicaux souvent. C’est l’amour et ses petits tracas, la vie et ses grands malheurs. Au centre de tout cet univers, la mort, survenue quelques années plus tôt, d’un garçon en souffrance.
Sur le papier, ça paraît fonctionner. Et c’est le cas, du moins un certain temps. On se plaît à retrouver, d’un chapitre à l’autre, les mêmes personnages, à reconstituer leurs liens, à comprendre en quoi ils interfèrent dans la vie de l’un et l’autre, et à assembler le puzzle de leurs émotions. On s’intéresse à eux, on s’interroge sur la manière dont ils vont évoluer. Il faut un léger temps d’adaptation pour que la multiplicité des personnages ne vienne plus gêner la lecture et, une fois ce cap franchi, on trouve le procédé plutôt intéressant. Mais les drames arrivent et, malgré l’optimisme général, on n’y croit plus vraiment. Dommage. C’est une lecture qui sera vite oubliée, sans doute parce qu’elle n’apporte rien de nouveau.
L’œuvre en quelques mots…
« Roxane avait toujours envie de hurler, mais pas pour les mêmes raisons. Elle avait mal, mais elle savait que cette douleur s’était immiscée dans son ventre pour l’éternité. Elle revivait la mise au monde de son enfant, qui avait administré un pied de nez à la vie vingt-quatre ans plus tard. Pourquoi un tel geste de dérision ? A quoi ressemblerait-il, aujourd’hui ? Est-ce que, comme Emile, des cheveux gris égaieraient sa chevelure noire ? Est-ce que de fines rides s’accrocheraient à son sourire ? » (p.105)