Isabelle Sojfer, Loin de chez moi
Des vacances en famille où le malaise s'invite.
Une escapade en couple teintée de désamour.
Un séminaire professionnel vaguement menaçant.
Un tango argentin qui ne trouve jamais sa conclusion sensuelle...
Loin de chez elle, la narratrice de ces vingt nouvelles éprouve l'étrangeté de l'autre autant que l'isolement intime. Et en tire une chronique doucement cruelle.
Aujourd’hui, c’est la Saint-Valentin, mais je ne suis pas là pour faire une déclaration d’amour… bien au contraire.
BOB a proposé il y a quelques semaines de faire découvrir à cinq blogolecteurs Loin de chez moi, un recueil de nouvelles d’Isabelle Sojfer. Je remercie dès à présent la team de BOB ainsi que l’éditeur, Les Petits matins, pour cette découverte.
Malheureusement, je suis passée complètement à côté et je n’ai tout simplement pas compris le propos, l’intérêt, le pourquoi et le comment, bref je n’ai pas compris où l’auteure voulait en venir.
Ce n’est pas un problème de genre car j’aime lire des nouvelles. Nouvelles à chute, nouvelles-instants de vie… peu importe.
Autant un roman peut être long à démarrer, autant une nouvelle doit séduire le lecteur très rapidement. Bien sûr, il est difficile d’être séduit par toutes les nouvelles d’un recueil. Mais quand, sur 20 nouvelles, aucune ne vous a plu/convaincu, il y a quelque chose qui cloche !
Les nouvelles de Loin de chez moi présentent ce que j’appellerai des « instants volés » dans la vie de personnages assez différents, mais finalement peu identifiables : ils ne marquent pas les esprits et j’aurais d’ailleurs bien du mal à les évoquer. Les nouvelles n’ont pas de fin, elles n’aboutissent à rien. C’est comme si une fenêtre avait été ouverte puis refermée avant le moment fatidique, ce qui fait que les événements racontés m’ont paru réellement inintéressants. Il y a parfois des détails assez insignifiants qui prennent des proportions grotesques. Ainsi, dans la première nouvelle, « Le bungalow », le personnage principal pose son regard à plusieurs reprises sur un insecte écrasé au mur. Je me suis demandé pendant ma lecture quel en était l’intérêt, pour apprendre à la fin qu’il s’agissait en réalité d’un bout de papier peint décollé. J’ai trouvé ça ridicule. Mais attention, je reconnais aussi que c’est peut-être un problème de compréhension personnelle. De même l’obsession du papier peint (un motif cher à l’auteure ?) revient dans « Le château », mais là non plus je n’ai pas compris l’importance accordée à un tel détail. Justement, des détails, il y en a. Les éléments (paysage, décor, repas…) sont disséqués dans une écriture très elliptique qui, au bout de quelques pages (et il y en a 220) devient insupportable. Des listes, voilà ce que nous trouvons dans les nouvelles (voir l’extrait ci-dessous). Le style, résolument moderne et libéré n’a donc pas su me convaincre. Morceau (sans mauvais jeu de mots) choisi : « Page de publicité dans le journal local. En promo cette semaine, des saucisses rouges et molles, photographiées en tas comme des pénis hors d’usage. » Et puis surtout, aucune émotion ressentie à la lecture de ces nouvelles : je n'ai pas ri, je n'ai pas été émue. Elles m’ont laissée complètement indifférente, tout en me transmettant un profond sentiment d’ennui.
« Le temps se lève enfin. Enfin, ça se lève ! dit-on pour meubler les silences. » Meubler les silences, remplir du vide, c’est le sentiment qu'il me reste après avoir refermé ce livre.
Je partage donc l'avis de Diddy, ainsi que celui de Canel mais Pascale, malgré quelques bémols, a aimé l'originalité de cette lecture.
L’œuvre en quelques mots…
« Soirée de gala à l’école de danse. Robes à panier, à strass, jupes à franges, paillettes, plumes de cygne, chaussures à brides et à talons aiguilles. Les hommes portent smoking et nœud papillon. Des dizaines de mises en pli sur des cheveux teints, chignons savants, boucles d’oreille, bijoux ; du beau monde plus tout jeune, et même quelques châteaux branlants, cuir chevelu apparent sous la teinture. Démonstrations, les robes virevoltent ; applaudissements. »