Gillian Flynn, Les lieux sombres
Début des années 1980. Libby Day a sept ans lorsque sa mère et ses deux sœurs sont assassinées dans la ferme familiale. La petite fille, qui a échappé au massacre, désigne le meurtrier à la police, son frère Ben, âgé de quinze ans. Vingt-cinq ans plus tard, alors que son frère est toujours derrière les barreaux, Libby souffre de dépression chronique. Encouragée par une association, elle accepte de retourner pour la première fois sur les lieux du drame. Et c'est là, dans un Middle West dévasté par la crise économique, qu'une vérité inimaginable commence à émerger… Après Sur ma peau, Gillian Flynn confirme avec ce livre, au style intense et viscéral, son immense talent.
Peu de temps à consacrer à la lecture et peu d’envie en ce moment…
Mais je tiens quand même à donner mes (rapides) impressions sur Les Lieux sombres, second roman de Gillian Flynn. Au cours des 500 pages qui composent ce thriller, l’auteur mène son lecteur dans les méandres de l’horreur et du doute. Tout démarre au début des années 80 : Ben, un adolescent que l’on soupçonne de s’adonner au culte de Satan, est arrêté pour le massacre de sa famille. Sa mère et deux de ses sœurs ont été tuées dans d’atroces conditions et la petite Libby, son autre sœur alors âgée de sept ans, le désigne comme étant le coupable. L’affaire est très rapidement bouclée. Nous retrouvons Libby des années plus tard : elle a grandi avec ses souffrances et est devenue une jeune femme déprimée, mesquine et kleptomane. Ce personnage extrêmement fouillé, très éloigné de la gentille victime de bon nombre de thrillers, est une des grandes forces de ce roman. Certaine d’avoir permis de mettre le vrai coupable derrière les barreaux, Libby se met peu à peu à douter et accepte de revoir ce frère aimé puis sacrifié, lui qui semble si apprécié par les membres d’une association, convaincus depuis toujours de son innocence. Le chemin vers la vérité est long et le lecteur ne la découvre qu’à la toute fin du roman qui fait se succéder des chapitres consacrés à Libby, adulte, et à ses recherches, et des chapitres qui retracent le déroulement de la journée du 2 janvier 1985, jusqu’au petit matin du 3 janvier. Cette narration est extrêmement efficace et nous permet de découvrir par petits bouts des données essentielles à l’histoire. La révélation, quant à elle, affreuse et insoupçonnable, séduira à coup sûr les amateurs du genre.
L’œuvre en quelques mots…
« J’ai poussé un pied hors des draps, mais n’ai pu me résoudre à le poser par terre. Je suis déprimée, j’imagine. Je suis déprimée, j’imagine, depuis environ vingt-quatre ans. Je pressens la présence d’une meilleure version de moi-même quelque part à l’intérieur de moi – cachée derrière un foie, ou attachée à un bout de rate à l’intérieure de mon corps rachitique et enfantin. Une Libby qui me dit de me lever, de faire quelque chose, de grandir, de tourner la page. Mais en général, c’est la mesquinerie qui l’emporte. Lorsque j’avais sept ans, mon frère a massacré ma famille. Ma mère, mes deux sœurs, parties : pan pan, crac crac, couic couic. Après ça, je n’ai pas vraiment eu grand-chose à faire, on n’attendait rien de moi. » (p.12)