Eric Faye, Nagasaki
Shimura-san mène une existence solitaire et ordonnée dans la banlieue de Nagasaki. Mais voilà que des objets se déplacent, chaque jour, insidieusement, que de la nourriture disparaît. Fantôme ? Hallucinations ? Grâce à une webcam, la vérité se fait jour : une femme habite clandestinement chez lui, depuis un an...
Tiré d’un fait divers rapporté par les journaux japonais en mai 2008, ce roman d’Eric Faye raconte une expérience pour le moins troublante... Shimura Kobo a 56 ans et vit seul dans une maison située dans la banlieue de Nagasaki. Son emploi de météorologue l’occupe la journée et, le soir, la solitude est sa seule compagne. Il a remarqué depuis quelques temps des petits changements, si insignifiants qu’un œil distrait ne les aurait même pas aperçus, comme cette bouteille de jus d’orange diminuée de 8 centimètres… Un jour, il décide d’installer une webcam chez lui et ne tarde pas à découvrir qu’une femme a investi les lieux. Il s’agit d’une chômeuse de longue durée, arrivée en fin de droits…
Nagasaki est un petit roman que j’ai mis très peu de temps à lire. L’auteur réussit sans peine à captiver l’attention de son lecteur qui ne peut que s’interroger sur cette étrange cohabitation. Mais le suspense, dans ce roman, est loin d’être insoutenable. On attend surtout la réaction du narrateur, Shimura Kobo, dont l’intimité a été violée. On veut comprendre également comment une femme peut passer plus d’une année chez quelqu’un, savoir comment elle en est arrivée là. On se demande comment va se passer la rencontre entre les deux personnages. Et c’est là que la déception pointe le bout de son nez. La fin est absolument décevante, brutale. Elle laisse un goût d’inachevé et gâche le potentiel de ce roman qui en devient très insipide. C’est dommage ! Cette lecture n’a pas été désagréable, mais je n’en garderai pas longtemps le souvenir.
Ce livre a été lu dans le cadre du challenge de Sophie, Une année… Des livres... L’année à l’honneur était l’année 2010.
L’œuvre en quelques mots…
« Un jour, il ne se passe plus rien. La corde du destin, d’avoir été trop tendu, a cassé net. Rien plus n’arrive. L’onde de choc de ta naissance est si loin désormais, oh ! si loin. C’est la vie moderne. Entre échec et réussite s’étend ton existence. Entre gel et montée de sève. » (p.19)
« Par une sorte de « soupirail » que la présence de cette femme avait entrouvert dans ma conscience, j’y voyais un peu plus clair. Je comprenais que cette année commune, à elle et moi, même si elle m’avait ignoré et que je n’avais rien su d’elle, allait me changer et que je n’étais déjà plus tout à fait le même. En quoi, je n’aurais pas su le définir. Mais je n’en sortirais pas indemne. » (p.50-51)