Delphine de Vigan, Jours sans faim

Publié le par calypso

 

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Cela s'était fait progressivement. Pour en arriver là. Sans qu'elle s'en rende vraiment compte. Sans qu'elle puisse aller contre. Elle se souvient du regard des gens, de la peur dans leurs yeux. Elle se souvient de ce sentiment de puissance qui repoussait toujours plus loin les limites du jeûne et de la souffrance. Les genoux qui se cognent, des journées entières sans s'asseoir. En manque, le corps vole au-dessus des trottoirs. Plus tard, les chutes dans la rue, dans le métro, et l'insomnie qui accompagne la faim qu'on ne sait plus reconnaître.

Et puis le froid est entré en elle, inimaginable. Ce froid qui lui disait qu'elle était arrivée au bout et qu'il fallait choisir entre vivre et mourir.

 

J'ai retrouvé avec Jours sans faim la plume de Delphine de Vigan, dépouillée et percutante. Un style qui me plaît beaucoup et pourtant, je n'ai pas vraiment été emballée par ce court roman. Est-ce le thème qui ne m'a pas intéressée outre mesure ou la manière dont il est traité qui m'a laissée de marbre ? Je n'arrive pas à le dire, même si je reconnais qu'il y a quelques passages intéressants. Dans ce roman, le narrateur nous invite à côtoyer une jeune femme anorexique prénommée Laure, et nous raconte son corps malmené, amaigri, et son combat pour retrouver l'envie et la force de s'alimenter pour se sauver. C'est l'hospitalisation de la dernière chance, elle en a conscience et est prête à accepter l'aide que le personnel médical veut lui apporter, notamment le docteur Brunel, le médecin qui la prend en charge, avec lequel elle entretient des rapports ambigus sur lesquels je me suis beaucoup questionnée, sans avoir l'impression d'obtenir de réponse...

 

 

L'œuvre en quelques mots...

 

« Laure gonfle à vue d'œil et ne peut déjà plus fermer les deux pantalons qu'elle a apportées. Elle laisse faire. Elle ne sait pas pourquoi, ni même si elle y croit. Elle sait tout ce chemin derrière elle, déjà, ces sensations oubliées qu'elle retrouve peu à peu, le corps qui se remet en marche. Elle s'étonne de cette vie autonome qui reprend son cours à l'intérieur d'elle, elle sent l'estomac qui se contracte, les intestins qui se tordent, elle sent que ces organes mystérieux ont repris leur boulot, que c'est dur de s'y remettre après des semaines de chômage technique. A l'intérieur ça s'agit sans fin. Elle laisse faire, mais elle a peur, peur de ne plus pouvoir recommencer, de ne plus pouvoir faire marche arrière.

Peur de recommencer, de faire marche arrière.

Elle a peur de sortir de ça et de ne pas en sortir. »

 

 

Un mot des titres

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A
Pas un des meilleur titre de cette auteure, je trouve.
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