Corinne Roche, Papier machine
Fin août. La rentrée a un goût amer pour celle qui vient de perdre le père de sa fille. Pour surmonter la douleur de ce deuil et d'une dispute avec sa plus vieille amie, elle va écrire. Son nouveau roman, elle le consacrera à cette amitié, et à son ancien amour. Au fil des pages, l'écrivain ressuscite la naissance de sa vocation, des tâtonnements en atelier d'écriture jusqu'à la publication de son premier roman remarqué. De souvenirs en rencontres, elle raconte l'histoire d'une femme, mère et amante, qui doit composer avec son art et sa vie.
Papier machine est, au départ, l’histoire d’une femme qui vient d’apprendre la mort de son ex-compagnon, père de sa fille. Elle s’est également brouillée peu de temps avant avec sa meilleure amie. Ces deux événements lui donnent l’occasion de se souvenir du passé et en particulier de ses débuts dans l’écriture, puisqu’elle se lance justement dans un nouveau roman. Son métier d’infirmière, l’atelier d’écriture qu’elle fréquentait, sa relation amoureuse avec son compagnon, la naissance de sa fille Tali… sont autant de souvenirs qui lui permettent de faire le point sur elle-même et de comprendre comment elle est devenue la femme qu’elle est.
J’ai apprécié cette lecture, sans toutefois l’adorer : j’ai mis un peu de temps à entrer dans l’histoire et j’ai, de fait, préféré la seconde moitié du roman que j’ai trouvée plus prenante, plus drôle aussi. En tout cas, c’est un roman qui se lit bien et qui offre une réflexion intéressante sur ce qu’est le métier d’écrivain : « Ecrire, c’est comme boire ou presque. L’alcool appelle l’alcool et l’écriture engendre une soif que seule l’écriture apaise. Une soif dévorante. Boire tout court, voilà où les ennuis commencent. Dans mon cas aussi, écrire est intransitif. »
L’œuvre en quelques mots…
« Hier soir, comme d’habitude, je me suis mise au travail avec tous mes outils autour de moi, le plan, les notes, la feuille. J’ai transpiré longtemps avant que les phrases tombent juste, qu’elles tournent rond. En refermant le manuscrit, j’éprouvais une joie et une fatigue presque physique, comme un garagiste aux mains pleines de cambouis se félicite d’avoir trouvé la panne, et que son moteur démarre. J’avais envie de siffloter. N’importe quelle infirmière pouvait me remplacer à la clinique, aucune n’était capable d’écrire ma page 40. »