Carlos Ruiz Zafon, Marina
Dans la Barcelone des années 1980, Oscar, quinze ans, a l'habitude de fuir le pensionnat où il est interne. Au cours de l'une de ses escapades, il fait la connaissance de Marina. Fascinée par l'énigme d'une tombe anonyme, Marina entraîne son jeune compagnon dans un cimetière oublié de tous. Qui est la femme venant s'y recueillir ? Et que signifie le papillon noir qui surplombe la pierre tombale ? S'égarant dans les entrailles d'une terrifiante cité souterraine, s'enfonçant dans les coulisses d'un inquiétant théâtre désaffecté, Oscar et Marina réveillent les protagonistes d'une tragédie vieille de plusieurs décennies.
Quelques mots peuvent suffire à vous embarquer dans une histoire. Dans Marina, ce sont deux phrases, placées juste avant le premier chapitre, qui ont fait palpiter mon petit cœur de lectrice : « Nous avons tous un secret enfermé à double tour dans le tréfonds de notre âme. Voici le mien. »
Ce secret est celui d’Oscar Drai. Au moment des faits, il n’est qu’un adolescent de quinze ans plutôt solitaire, qui aime déambuler dans les rues de Barcelone. Orphelin, il vit dans un pensionnat où l’on s’inquiète peu de ses absences. Un jour, le hasard le mène jusqu’à une maison en apparence abandonnée. Poussé par une grande curiosité et hypnotisé par un son mélodieux venant de la maison, Oscar décide d’y pénétrer. L’intérieur, lugubre, semble être resté figé dans un autre temps. Très vite, le regard du jeune garçon est attiré par un objet brillant posé sur une table. Il s’agit d’une montre à gousset qu’il ne peut s’empêcher de prendre et d’examiner avant de constater qu’il n’est pas seul dans la pièce. L’adolescent s’enfuit, oubliant de reposer la montre. Mais voilà, notre jeune héros n’est pas un voleur et, en décidant de rapporter la montre, il signera le début d’une incroyable aventure initiée par la rencontre de Marina, une jeune fille de son âge, et German, le propriétaire des lieux et père de Marina.
Contrairement à la plupart de ceux qui ont eu la chance de recevoir, comme moi, Marina en avant-première, je n’ai jamais lu Carlos Ruiz Zafon et finalement, je m’en félicite puisque je découvre, avec Marina, une de ses premières œuvres. Une note de l’auteur située à la fin du roman nous informe qu’au départ Marina était présenté comme un roman pour la jeunesse, ce qui effectivement se sent à la lecture. Pourtant, si les deux personnages principaux peuvent facilement plaire à de jeunes lecteurs, l’histoire n’est pas des plus évidentes… Je l’ai trouvée passionnante mais certains passages sont assez effrayants… Marina, c’est avant tout un roman d’ambiance : on n’est jamais très loin du merveilleux et on est pleinement happé par une atmosphère gothique, très désuète, qui prend tout son sens au fur et à mesure que se joue l’histoire. Je sais qu’il n’en est pas de même pour tous les lecteurs mais j’ai, pour ma part, oublié que les personnages évoluaient dans la ville de Barcelone. De même, il est dit clairement que l’histoire se déroule dans les années 80 mais il me semble pourtant qu’elle est comme atemporelle. L’ambiance que l’auteur a su créer est incontestablement un point fort de l’œuvre comme l’est l’histoire d’amitié entre Oscar et Marina. Pour moi, c’est ce lien entretenu entre Oscar, l’orphelin, et les habitants de l’étrange maison que la vie n’a pas épargné, qui constitue le cœur du roman. Les événements terribles qui se jouent et les personnages atypiques rencontrés au cours de l’histoire s’organisent autour d’une véritable réflexion sur l’amour et la mort, conduisant à un final quelque peu attendu mais très émouvant.
Un roman mystérieux, une atmosphère envoûtante, des personnages travaillés… il est clair que nous avons là la recette d’un très bon roman. Nul doute qu’un autre roman de Carlos Ruiz Zafon finira par rejoindre ma PAL.
L’œuvre en quelques mots…
« Nous ne nous souvenons que de ce qui n’est jamais arrivé, m’a dit un jour Marina. Il aura fallu que s’écoule une éternité pour que je finisse par comprendre le sens de ces mots. Mais mieux vaut commencer par le début, qui, dans cette histoire, se trouve être la fin.
En mai 1980, j’ai disparu du monde pendant une semaine. Sept jours et sept nuits durant, nul n’a su où j’étais. Amis, camarades, professeurs et même la police se sont lancés à la recherche de ce fugitif que déjà certains croyaient mort ou devenu soudain amnésique et perdu dans des rues mal famées. » (p.9)