Aldous Huxley, Le meilleur des mondes
Défi, réquisitoire, utopie, ce livre mondialement célèbre, chef-d’œuvre de la littérature d'anticipation, a fait d'Aldous Huxley l'un des témoins les plus lucides de notre temps. « Aujourd'hui, devait écrire l'auteur près de vingt ans après la parution de son livre, il semble pratiquement possible que cette horreur s'abatte sur nous dans le délai d'un siècle. Du moins, si nous nous abstenons d'ici là de nous faire sauter en miettes... Nous n'avons le choix qu'entre deux solutions : ou bien un certain nombre de totalitarismes nationaux, militarisés, ayant comme racine la terreur de la bombe atomique, et comme conséquence la destruction de la civilisation (ou, si la guerre est limitée, la perpétuation du militarisme) ; ou bien un seul totalitarisme supranational, suscité par le chaos social résultant du progrès technologique. »
Le meilleur des mondes, roman d’anticipation et grand classique du genre, dormait depuis quelque temps dans ma bibliothèque. Une lecture commune organisée sur le forum Livraddict a été l’occasion de me plonger enfin dedans.
Ecrit dans les années 30, ce roman nous offre une vision du futur plutôt sombre. Nous sommes à Londres, en l’an 632 de Notre Ford qui a d’ailleurs remplacé Dieu dans la société décrite. La notion de famille a également disparu : dorénavant, tous les êtres humains sont créés dans des laboratoires et conditionnés dès la naissance à faire partie d’une des cinq classes de la société : les Alpha, les Bêta, les Gamma, les Delta et les Epsilon. Chaque classe répond à des fonctions particulières. Si la première est celle de l’élite dirigeante, constituée par des individus beaux et intelligents, les deux dernières sont composées d’hommes et de femmes accomplissant des travaux manuels ne nécessitant pas grande réflexion. Evidemment, ils sont petits et laids. Malgré les disparités existant entre les diverses classes, tout le monde vit en paix et chacun se satisfait de sa propre condition, d’une part parce que le rôle de chacun a été clairement défini et inculqué longuement, d’autre part parce que, grâce au Soma, on ne connait que le bonheur. Le petit comprimé a en effet le pouvoir de vous plonger dans un sommeil (plus ou moins long selon la dose) censé faire atteindre le nirvana. Tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Pourtant, en marge de cette société, existent des « sauvages » dont le lecteur ne tardera pas à faire connaissance.
Ai-je aimé ce roman ? Oui, au début. J’ai été assez vite happée par l’histoire. De nombreux détails nous sont donnés quant au fonctionnement de cette société utopique et c’est très appréciable. Mais très vite, je me suis lassée : des lourdeurs (dues certainement à la traduction), une histoire qui n’avance pas énormément, au déroulement assez chaotique… Je suis toutefois contente d’avoir enfin lu ce grand classique ! En résumé : oui à l’aspect visionnaire, non à la forme.
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L’œuvre en quelques mots…
« Les mots peuvent ressembler aux rayons X : si l’on s’en sert convenablement, ils transpercent n’importe quoi. On lit, et l’on est transpercé. »
« Le monde est stable, à présent. Les gens sont heureux ; ils obtiennent ce qu’ils veulent, et ils ne veulent jamais ce qu’ils ne peuvent obtenir. Ils sont à l’aise ; ils sont en sécurité ; ils ne sont jamais malades ; ils n’ont pas peur de la mort ; ils sont dans une sereine ignorance de la passion et de la vieillesse ; ils ne se sont encombrés de nuls pères ni mères ; ils n’ont pas d’épouses, pas d’enfants, pas d’amants, au sujet desquels ils pourraient éprouver des émotions violentes ; ils sont conditionnés de telle sorte que, pratiquement, ils ne peuvent s’empêcher de se conduire comme ils le doivent. »