Ahmadou Kourouma, Allah n'est pas obligé
Birahima, le narrateur de ce roman, a une douzaine d'années et il retrace son itinéraire d'enfant-soldat de l'Afrique contemporaine, entre le Liberia et la Sierra Leone. Orphelin, jeté sur les routes en compagnie d'un marabout mi-philosophe mi-escroc, Birahima se fait enrôler dans une bande de pillards. Kalachnikov en bandoulière, pour gagner sa solde, il va bientôt participer aux pires exactions : « De camp retranché en ville investie, [...] j'ai tué pas mal de gens. [...] beaucoup de mes copains enfants-soldats sont morts. Mais Allah n'est pas obligé d'être juste avec toutes les choses qu'il a créées ici-bas. »
Voici une lecture que je suis vraiment contente d’avoir terminée tant j’ai peiné à atteindre la dernière page. J’ai eu beau faire beaucoup d’efforts, ce roman de Kourouma n’a eu de cesse de me tomber des mains ! Il a pourtant obtenu le prix Renaudot et le prix Goncourt des lycéens en 2000. Je m’étonne même de ce dernier prix, non pas parce que je ne comprends pas pourquoi on peut l’aimer, mais parce que je l’ai trouvé particulièrement difficile (tant au niveau de l’écriture, que des thèmes)… enfin, on ne peut pas tout aimer, heureusement !
Ce qui m’a déplu : d’incessantes parenthèses explicatives prenant la forme de définitions viennent entraver la lecture ; de même, certaines formules répétitives m’ont gênée, agacée au bout d’un moment, par exemple : « Walahé (au nom d’Allah) », « Faforo (sexe de mon père) » ou sa variante « Faforo (cul du père) » employées par le narrateur pour jurer. Bon, dix fois, ça va, mais à toutes les pages, voire plusieurs fois par page, non. Le style m’a donc déplu, l’écriture n’a pas su m’émouvoir alors que le sujet n’est pas des plus joyeux : la vie des enfants-soldats en Afrique. J’ai trouvé l’histoire confuse, je me suis véritablement perdue dans le récit. A aucun moment, je n’ai été complètement « dans » le livre. Ajoutez à cela des scènes extrêmement violentes : viols, amputations, meurtre de deux petits enfants par une fille-soldat…
Une déception ! On m’a cependant dit du bien d’un autre titre de Kourouma : En attendant le vote des bêtes sauvages… un jour peut-être, mais pas tout de suite !
L’œuvre en quelques mots…
« Je décide le titre définitif et complet de mon blablabla est Allah n’est pas obligé d’être juste dans toutes ses choses ici-bas. Voilà. Je commence à conter mes salades.
Et d’abord… et un… M’appelle Birahima. Suis p’tit nègre. Pas parce que suis black et gosse. Non ! Mais suis p’tit nègre parce que je parle mal le français. C’é comme ça. Même si on est grand, même vieux, même arabe, même chinois, blanc russe, même américain ; si on parle mal le français, on dit on parle p’tit nègre, on est p’tit nègre quand même. Ça, c’est la loi du français de tous les jours qui veut ça.
… Et deux… Mon école n’est pas arrivée très loin ; j’ai coupé cours élémentaire deux. J’ai quitté le banc parce que tout le monde a dit que l’école ne vaut plus rien, même pas le pet d’une vieille grand-mère. »