Jean-Marie Laclavetine, Première ligne
Vous écrivez ?
Ne dites pas non. J'ai l'oeil.
Pas de quoi avoir honte. Moi aussi, vous savez, j'ai un problème avec l'écriture.
Vous avez mal, vous êtes mal ? La drogue vous tient ? Vous pensez qu'il n'y a rien à faire contre la dépendance ? Vous vous trompez. Arrêtez d'écrire, c'est possible, pour peu qu'on soit compris et soutenu.
Venez nous rejoindre au club, un de ces soirs. Nous nous réunissons dans l'arrière-salle du Caminito, rue des Cinq-Diamants.
Venez. Vous n'êtes plus seul.
Première ligne a obtenu le prix Goncourt des lycéens en 1999 et, à mon sens, c’est un prix largement mérité… L’œuvre est déstabilisante mais captivante.
Le roman s’ouvre sur l’assassinat du mystérieux Cyril Cordouan lors d’une remise de prix littéraire. Nous en apprenons très vite d’avantage sur son identité. Cyril Cordouan est éditeur. Il gère les éditions Fulmen avec sa (très) fidèle secrétaire Blanche. La plupart des manuscrits qu’il lit finissent au feu si bien que l’éditeur exigeant finit par s’attirer de nombreuses inimitiés…
Le roman est construit d’une manière très particulière, et cette construction, qui prend tout son sens à la fin, m’a véritablement intriguée. En effet, deux types de « chapitre » alternent : dans la moitié d’entre eux, nous suivons les péripéties de l’éditeur ; dans les autres, tous intitulés « Chapitre un », nous assistons à diverses mises en scène de sa mort, bel exemple de réécriture sans fin.
Enfin, pour vous donner envie de lire ce très bon roman, sachez qu'il est notamment question d’un barman misogyne, de bouteilles d’encre, de murs tâchés de sang, d’« auteurs anonymes », de jolis pieds, de manipulation, de jalousie…
Une œuvre qui plaira certainement à tous les amoureux des livres puisqu’elle expose les pouvoirs de la littérature et montre toute la folie et l’obsession auxquelles elle peut conduire.
L’œuvre en quelques mots…
« L'écriture, c'est comme l'armée, on y retrouve tout le monde. Des avocats, des secrétaires, des boulangères, des critiques littéraires, des énarques, des politiciens, des fils de famille, des vagabonds, et même quelques écrivains. »
« Chaque ligne d'écriture est un fil tendu entre la vie et la mort. »