Mes lectures de janvier 2009

Publié le par calypso

 

Dans l'apparence des choses, il ne semble exister aucun lien entre le scarabée renversé par la tige d'une campanule, la rondelle de latex découverte chez un amant sans désir, la douce pluie de juin sur le bois d'un cercueil ou le regard charbonneux d'étrangers en grève de la faim couchés sous une tente en plein vent. Pourtant une surprise chaque fois va jaillir. Souvent brutale mais aussi parfois lente, exigeant des années pour mûrir, cette surprise ne résidera pas nécessairement dans une chute finale mais bien, comme pour chacun d'entre nous, dans la révélation minuscule et violente d'une sensation oubliée ou encore inconnue, d'une désillusion, d'une liberté s'ouvrant en plein désastre ou d'un éblouissement paisible.



 


Sganarelle, le faiseur de fagots, est dans de beaux draps : voici que par une ruse vengeresse, sa femme le fait passer pour médecin. Le vieux Géronte, qui l'a fait mander pour guérir sa fille, semble perplexe face aux explications de ce docteur peu orthodoxe :

 

 

« Géronte – On ne peut pas mieux raisonner, sans doute. Il n'y a qu'une seule chose qui m'a choqué : c'est l'endroit du foie et du cœur. Il me semble que vous les placez autrement qu'ils ne sont ; que le cœur est du côté gauche, et le foie du côté droit.

Sganarelle – Oui, cela était autrefois ainsi mais nous avons changé tout cela, et nous faisons maintenant la médecine d'une méthode toute nouvelle. »
 

Les cocasseries perpétuelles de Sganarelle et son charabia scientifique suffisent à tromper la crédulité de la patiente et de son entourage, pour notre plus grand bonheur. Et, pour comble de l'ironie, le faux médecin a affaire à une fausse malade…


 

Cinq heures du matin.
Le poignet devient douloureux à force décrire, mais je ne peux plus m'arrêter, le néon au-dessus de ma tête paraît moins livide, l'aube flambe aux fenêtres, pas un seul bruit dans le service et le passé me tire. Ou c'est moi qui le tire - je ne sais plus. Mais il faut, et je n'y peux plus rien, laisser filer la gueule de Diego, la rumeur de New York et votre lit qui grince, les perfusions pendues à la potence, le ventre qui fait mal, et tes larmes et ma peur de mourir, les laisser glisser sur cette page blanche, comme on laisse glisser un sac à dos qui a scié trop longtemps les épaules.

 

Publié dans Blabla en tout genre

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