Anne-Laure Bondoux, La Magnifique

Publié le par calypso

 

Chaque matin, Bella Rosa se réveillait en se demandant quelle nouvelle calamité allait lui tomber dessus. Depuis vingt ans qu'elle était née et qu'elle vivait à Maussad-Vallée, elle avait connu les sécheresses, les inondations, les incendies, les invasions de sauterelles, les coulées de boue, les épidémies, les bagarres, les accidents, les famines... Sans compter ses ennuis personnels, qui, d'après elle, étaient bien pires.

Elle avait survécu à tout cela. Et chaque matin elle trouvait la force de s'extirper de son lit pour accomplir l'accablant travail de la journée. C'était comme ça. Bella Rossa était une force de la nature, une fille des Plaines, taillée pour résister aux tourments de l'existence.

 

Lecture n°2 dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs Pocket – Sélection Littérature française.

 

L’histoire est celle de Bella Rossa, une magnifique jeune femme à la chevelure rousse et à la poitrine opulente, qui vit dans une ferme avec son père paralytique. Les journées se suivent et se ressemblent : tandis que la fille se démène, le père boit et aboie des ordres et des injures. Le duo a dû trouver ses marques après le départ soudain de la mère et épouse il y a quinze ans de cela. De cette vie désastreuse, marquée par l’abandon, la rudesse, mais aussi le déferlement des éléments naturels, Bella Rossa a tiré sa force de caractère : elle ne semble craindre personne, et surtout pas la guerre qui arrive sur leurs terres et la pousse à prendre une décision radicale. Elle ira vers l’ouest, avec sa carriole chargée d’articles de quincaillerie et de son vieux père, prête à découvrir le monde et à affronter les obstacles qui se dresseront sur son chemin.

C’est un roman dont j’ai globalement apprécié la lecture mais qui m’a déstabilisée à plus d’un titre. D’abord, parce que, malgré la quatrième de couverture, je ne savais pas réellement à quoi m’attendre ; ensuite, parce que je connais un peu la plume d’Anne-Laure Bondoux et il est vrai que, même si j’ai trouvé ce roman très bien écrit, j’ai été moins séduite que d’habitude ; enfin, parce que j’ai appris que ce roman avait initialement été publié dans la collection Millezime de Bayard Jeunesse, choix que je trouve à la fois audacieux et étrange. La Magnifique m’a intéressée pour ses personnages qui sont quasiment tous des antihéros : le père paralytique et le soldat amputé dont Bella Rossa tombera amoureuse affichent physiquement ce que la jeune femme porte à l’intérieur d’elle-même, ce creux dans la poitrine, ce vide laissé par le départ de sa mère qu’elle espère retrouver un jour. J’ai apprécié la force de caractère de Bella Rossa, son ingéniosité, son féminisme qui souffre aussi parfois de sa sensibilité, ainsi que le petit côté « roadmovie » de ce récit qui multiplie les aventures et les rencontres. Je ne sais pas trop ce qu’il me restera de cette lecture dans quelque temps, mais elle m’a en tout cas donné envie de poursuivre ma découverte d’Anne-Laure Bondoux.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Chaque matin, Bella Rosa se réveillait en se demandant quelle nouvelle calamité allait lui tomber dessus. Depuis vingt ans qu'elle était née et qu'elle vivait à Maussad-Vallée, elle avait connu les sécheresses, les inondations, les incendies, les invasions de sauterelles, les coulées de boue, les épidémies, les bagarres, les accidents, les famines... Sans compter ses ennuis personnels, qui, d'après elle, étaient bien pires.

Elle avait survécu à tout cela. Et chaque matin elle trouvait la force de s'extirper de son lit pour accomplir l'accablant travail de la journée. C'était comme ça. Bella Rossa était une force de la nature, une fille des Plaines, taillée pour résister aux tourments de l'existence. » (p.9)

 

« Ainsi, leur voyage n’était pas terminé. Le Continent avait beau s’arrêter là, au pied des collines, et se noyer dans la mer, ce n’était pas un obstacle suffisant pour empêcher Bella Rossa et Jaroslaw de poursuivre leur route.

Ils étaient des vagabonds. Ils appartenaient à ce peuple des migrants qui, ici ou là, trimbalent leurs désirs, leurs misères, et cherchent à se délester des fardeaux de l’existence.

Leur amour se nourrissait du vent de la course et de l’espoir qu’ailleurs la vie serait plus douce. »  (p.251)

 

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S
J'ai découvert l'autrice avec ce titre, il y a vingt ans je crois, alors qu'il s'appelait Pépites. J'avais adoré ! Je pense que je vais me l'offrir et le relire. Heureuse qu'il ait une 2e vie !
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