JoeyStarr, Le Petit Didier

Publié le par calypso

 

L'enfance, d'abord et surtout, c'était la fenêtre. Parce qu'il vit seul avec son père, le petit Didier tue l'ennui en regardant là-bas, au-dehors, la cité s'ériger. Lui, c'est dans le noir qu'il attend des couleurs, des copains, des conneries, qui viendront... sur un terrain de foot, sur son vélo volé, partout, pourvu qu'il échappe à l'hostilité silencieuse de l'appartement – des disques qu'on ne peut pas toucher et des marrons glacés dans le meuble sous clé... Et puis, un jour, cette fenêtre qu'on ouvre. Et qui fait comme une porte par laquelle s'échapper.

 

Lecture n°1 dans le cadre du Grand Prix des Lecteurs Pocket – Sélection Littérature française.

 

JoeyStarr-Didier a grandi à Saint-Denis : d’abord dans un vieil immeuble où il passe le plus clair de son temps posté à la fenêtre, ensuite dans un HLM au sein d’un quartier en pleine construction : « il y a plus de couleurs, plus de vue dégagée, plus d’action ». Ce nouveau quartier aux modifications incessantes le fascine et devient bientôt son nouveau terrain de jeu, avec certaines limites tout de même car Monsieur – son père – veille avec sévérité, l’absence de la figure maternelle lui ayant laissé toute la place. Didier se fait des copains auxquels il peut s’identifier, ce sont ceux du fond de la classe. Il commence le foot en secret, traîne en rentrant de l’école, commet ses premiers vols et sniffe de la colle à rustine. Dans cette banlieue hors de laquelle il semble difficile de se projeter, le petit Didier est à la fois résigné et rêveur.

Je suis toujours curieuse de découvrir de nouvelles œuvres autobiographiques car c’est un genre que j’affectionne particulièrement et pourtant je dois reconnaître que je ne me serais sans doute pas dirigée vers Le Petit Didier s’il n’avait pas été mis directement entre mes mains. Tout d’abord, il faut savoir que c’est un petit roman d’à peine 150 pages dans la version poche. De fait, il se lit vite et je n’ai pas eu l’impression de perdre mon temps. J’ai même plutôt apprécié ma lecture et ce, pour deux raisons principales : j’ai aimé découvrir les anecdotes racontées et j’ai trouvé dans la narration une certaine tendresse. Cependant, on aurait pu s’attendre à une œuvre avec un style un peu plus marqué et surtout avec une fin beaucoup plus travaillée. Certes, on pressent qu’il pourrait y avoir une suite mais quand bien même…

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« J’ai des lacunes. Je ne suis pas suffisamment apaisé pour apprendre des choses. Il faut être un peu au calme, pour apprendre. Or mon père et moi entretenons une relation qui n’est pas calme. Quand il s’approche de moi, j’ai souvent un mouvement de recul. Comment lui demanderais-je de l’aide, de m’apprendre ? » (p.33)

 

« De la maison, je vois tout. Dès qu’il y a une embrouille, je la vois. Toute la vie de la cité, je la vois de chez moi. C’est stratégique. Je suis au courant de tout ce qui se passe. Sans compter que, de la fenêtre, dès que je vois passer quelqu’un, quelque chose, je m’imagine des histoires. J’ai envie de vivre, le monde est vaste, et je veux en être. » (p.43)

 

« Finalement, je suis spectateur de tout ce qui m’arrive. Spectateur de ma vie. Parfois, on subit. Et il y a plusieurs façons de subir. J’ai l’impression d’avoir un soleil dans le ventre, mais il ne peut sortir. » (p.153-154)

 

 

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J
le gars qui tabasse ses femmes et son singe
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