Jean Michelin, Ceux qui restent

Publié le par calypso

 

Comme chaque matin, l'aube grise se lève sur l'immuable routine de la garnison. Mais cette fois, Lulu manque à l'appel. Lulu, le caporal-chef toujours fiable, toujours solide, Lulu et son sourire en coin que rien ne semblait jamais pouvoir effacer, a disparu. Aurélie, sa femme, a l'habitude des absences, du lit vide, du quotidien d'épouse de militaire. Elle fait face, mais sait que ce départ ne lui ressemble pas. Quatre hommes, quatre soldats, se lancent alors à sa recherche. Ils sont du même monde et trimballent les mêmes fantômes au bord des nuits sans sommeil. Si eux ne le retrouvent pas, personne ne le pourra.

D'une actualité brûlante, cette intrigue intensément déroulée par la plume de Jean Michelin suit l'enquête de ces frères d'armes. Histoire poignante de camaraderie, de celle qui lie les êtres sous les vestes de treillis, ce roman sans concession se penche sur ce que la guerre fait à ceux qui partent, à ceux qui reviennent. À ceux qui restent.

 

Tout part d’une disparition, celle de Lulu, un caporal-chef irréprochable. Pour la première fois de sa carrière, Lulu manque à l’appel et n’a prévenu personne de son absence. Sa femme elle-même ignore où il est et ce sont quatre frères d’armes qui vont remonter les heures précédant sa disparition afin de la comprendre et de le retrouver.

Ceux qui restent est assurément un bon roman que j’ai pris plaisir à lire mais si mon avis est mitigé une semaine après avoir tourné la dernière page, c’est que je ne sais pas trop ce qu’il me restera de cette histoire dans quelques années. Or, les grands, très grands romans vous marquent à vie. C’est donc un bon roman. Un roman écrit par un militaire et parlant de militaires, mais pas seulement de ces hommes qui honorent leur patrie et partent au combat, il s’agit aussi et surtout des hommes qu’ils sont au retour, lorsqu’ils sont désarmés, dans tous les sens du terme, et de leurs proches qui vivent inlassablement les départs et les retours, qui sont ceux qui restent. C’est un roman qui explore la sensibilité de l’homme sous l’uniforme, les failles cachées sous la force apparente, le formidable esprit de corps. Une belle écriture, simple et efficace, et un sujet maîtrisé, on n’en attendait pas moins.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Avec le temps, il avait pris du recul sur le métier. Il n’ignorait plus le caractère dérisoire de ce qu’ils faisaient, l’éternel recommencement des efforts lorsque la relève arriverait dans quelques mois pour poursuivre l’ouvrage, reprendre le tissage patient des liens de confiance avec les notables locaux, la relation qui se construit, patrouille après patrouille, mandat après mandat « vous avez la montre, on a le temps » et toutes ces conneries. Les visages fatigués des vieux sur le bord des routes, les gamins qui font des signes amicaux, moqueurs ou menaçants selon l’humeur du jour, il les avait tous vus, de toutes les couleurs, de toutes les religions. Les visages se mélangeaient dans sa tête quand il y repensait. La guerre était toujours la même, peignant les souvenirs de cet ocre sale, celui de toutes les poussières qu’il avait accrochées aux semelles de ses chaussures. » (p.14-15)

 

« La nuit finit par emporter ce qui restait de leurs doutes. » (p.61)

 

 

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