Donato Carrisi, Je suis l'abysse

Publié le par calypso

 

L’homme qui nettoie rôde autour de nous. Parmi nos déchets, il cherche des indices sur nos vies. En particulier sur celles des femmes seules. Une femme lui a fait beaucoup de mal enfant : sa mère.

La chasseuse de mouches, elle, tente de sauver les femmes en péril. Et elles sont nombreuses...

Surtout quand l’homme qui nettoie rôde autour d’elles.

 

Donato Carrisi ou l’art de raconter des histoires. Quelle intelligence et quelle dextérité ! Comme dans les contes, les personnages de ce roman ont une particularité qui les caractérise et même qui les désigne : l’homme qui nettoie, la chasseuse de mouches et la fille à la mèche violette. Le narrateur nous présente ce qu’ils font et non ce qu’ils sont, ainsi le lecteur les côtoie, les frôle, les observe, sans tout à fait saisir leur essence et les motivations qui les animent. Ce sont des invisibles, des êtres que l’on croise sans même s’apercevoir de leur existence, des êtres qui, pourtant, ont un lien avec le mal et ses profondeurs abyssales, qu’ils cherchent à le combattre ou à s’y noyer. Et leurs routes vont se croiser. Après une entrée en matière particulièrement glaçante, focalisée sur le passé de l’un des personnages, la tension ne cesse de monter et le lecteur prend évidemment plaisir à être manipulé et à se fondre dans cet univers angoissant et glauque. C’est un thriller qui se dévore, parfaitement bien construit et pensé.

Un grand merci à Babelio et aux Éditions Calmann-Lévy qui ont rendu cette lecture possible !

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« L'air matinal était le meilleur, alors il essayait toujours de se faire assigner la première tournée. Cela comportait l'avantage, outre le fait de ne pas avoir à interagir avec ses collègues, de profiter de la quiétude du matin. Un privilège aussi intime ne pouvait être partagé avec personne. L'homme qui nettoyait était taciturne. Même quand il pensait, ses raisonnements étaient de longues réflexions où les images défilaient dans sa tête, accompagnées de sensations très simples.

Toutefois, son introversion mettait les gens mal à l'aise.

Il ne voulait pas gêner les autres par sa présence. Personne n'apprécie la compagnie de quelqu'un qui ne parle pas, ne fume pas, ne boit pas d'alcool, ne s'intéresse ni au sport ni aux femmes et n'a ni épouse ni enfants dont se plaindre. Un homme sans amis. Un homme qui n'en a pas besoin, aurait-il dit s'il avait été capable de le formuler. En effet, l'homme qui nettoyait ne possédait pas de définition de lui-même.

Nettoyer était ce qui le représentait le mieux. » (p.23)

 

« Quand elle pensait à elle-même dans le futur, la chasseuse s'imaginait toujours dans une maison peuplée de fantômes. De plus en plus aigrie. De plus en plus seule. Le pire, dans la vie, était d'être coincé dans le présent. La douleur empêchait le temps de s'écouler. Sa souffrance la privait de la possibilité d'imaginer un changement, une délivrance, ou même d'être différente. » (p.170)

Publié dans Littérature italienne

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M
Je connais cet auteur mais je n'ai jamais lu ce titre. A noter donc ! Merci pour ta chronique
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C
Il vient de sortir ! Merci pour ta visite !