Heather Morris, Le Tatoueur d'Auschwitz
Sous un ciel de plomb, des prisonniers défilent à l'entrée du camp d'Auschwitz. Bientôt, ils ne seront plus que des numéros tatoués sur le bras. C'est Lale, un déporté, qui est chargé de cette sinistre tâche. Il travaille le regard rivé au sol pour éviter de voir la douleur dans les yeux de ceux qu'il marque à jamais.
Un jour, pourtant, il lève les yeux sur Gita, et la jeune femme devient sa lumière dans ce monde d'une noirceur infinie. Ils savent d'emblée qu'ils sont faits l'un pour l'autre. Dans cette prison où l'on se bat pour un morceau de pain et pour sauver sa vie, il n'y a pas de place pour l'amour.
Ils doivent se contenter de minuscules moments de joie, qui leur font oublier le cauchemar du quotidien. Mais Lale fait une promesse à Gita: un jour, ils seront libres et heureux de vivre ensemble.
J’avoue que c’est un peu sceptique que je me suis lancée dans la lecture du Tatoueur d’Auschwitz. J’avais vraiment peur de la manière dont pouvait être exploitée cette histoire d’amour « au cœur de l’enfer », pour citer la quatrième de couverture. J’appréhendais le fait que l’on puisse me présenter des faits édulcorés, je craignais l’overdose de bons sentiments et une narration sirupeuse. Ce n’est pas exactement le cas même si j’avoue qu’il m’a été difficile de distinguer la réalité et la fiction. Comme on me promettait une histoire vraie, j’ai eu envie de faire confiance, même si je m’interroge quand même encore sur certains passages et leur véracité… Je préfère me dire que les faits romancés ont une vérité émotionnelle qui s’éloigne parfois de la vérité historique, mais après tout, je ne sais pas… Bref, je l’ai davantage lu comme un roman que comme un témoignage et j’ai trouvé l’angle d’attaque séduisant, le fait de s’intéresser au personnage du tatoueur m’a semblé suffisamment original pour être digne d’intérêt. Je l’ai suivi avec curiosité dans la découverte du camp et de son fonctionnement, mais j’aurais apprécié que certains points soient développés, sans forcément me focaliser sur ce défaut car la littérature concentrationnaire est abondante et j’ai déjà trouvé et je trouverai encore ailleurs ce que je n’ai pas trouvé ici. Quant à savoir si ce roman m’a émue, c’est très étrange. J’ai vraiment été très émue par les quelques pages qui viennent après le point final, et si je l’ai été pendant ma lecture, je me rends compte maintenant, plusieurs jours après l’avoir achevée, que j’ai surtout été émue parce que je connais l’Histoire, parce que j’ai déjà lu beaucoup sur ce sujet mais que l’écriture (ou la traduction ?) n’a pas forcément été vectrice d’émotion. Il faut cependant reconnaître qu’il y a beaucoup de passages passionnants et que l’on tourne les pages à une vitesse folle, forcément happé par toute cette horreur qui nous laisse inévitablement sans voix.
Un grand merci à Babelio et aux Editions J’ai lu pour cette découverte !
L’œuvre en quelques mots…
« Le nouveau poste de Lale ajoute à la complexité de la survie. Il est sûr d’avoir entendu quelqu’un prononcer le mot « collaborateur » quand, en quittant le Block, il est passé devant les couchettes occupées par des hommes rompus de fatigue. » (p.64)
« Quand Nadya parle, on dirait qu’elle chuchote mais Lale s’aperçoit que sa voix est ainsi. Il comprend enfin ce qui l’attriste dans cette voix. Elle ne laisse transparaître aucune émotion. Que Nadya évoque les jours heureux avec sa famille ou la tragédie qu’ils vivent au quotidien depuis leur arrivée au camp, son timbre reste le même.
- Que signifie ton nom ? demande-t-il.
- Espoir, il veut dire espoir.
Nadya se lève.
- Bonne nuit, dit-elle.
Elle a disparu avant que Lale n’ait le temps de répondre. » (p.130)