David Vann, Le Bleu au-delà

Publié le par calypso

 

Roy est encore un enfant lorsque son père, James Fenn, dentiste et pêcheur professionnel raté, se suicide d’une balle dans la tête. Tout au long de sa vie, Roy ressassera ce drame qui deviendra son obsession mais aussi une source, douloureuse, d’inspiration. Comment se créent et se transmettent des légendes familiales ? Quelles histoires notre mémoire choisit-elle de garder et sous quelle forme ? À partir de quelques moments intimes éparpillés dans le temps – faiblesses, infidélités, désirs, contemplations – se met en place une histoire de perte, d’amour tendre et de retrouvailles imaginaires dans les espaces sauvages de l’Alaska.

 

J’ai l’impression que j’apprécie de moins en moins les écrits de David Vann, à ma grande tristesse… Je n’ai pas lu toutes ses œuvres, mais celles que j’ai lues, je les ai lues dans l’ordre : Sukkwan Island, Désolations, Impurs, Aquarium et, pour finir, Le Bleu au-delà. J’ai réalisé, je crois, en lisant ce dernier titre, que je ne retrouverais jamais l’émotion qui m’avait saisie lors de la lecture de Sukkwan Island, une émotion vive, presqu’étouffante, une émotion telle qu’encore aujourd’hui je conseille ce roman qui, on le sait, est loin de faire l’unanimité. Je ne suis pas toujours comprise, d’ailleurs, par les connaissances auxquelles je le conseille, mais la découverte de ce roman constitue une de mes plus fortes expériences de lectrice alors je persiste à croire qu’il continuera de trouver son lectorat. Bref, le sujet ici est autre. Et en même temps, pas tout à fait. C’est terrible de devoir se raccrocher ainsi à d’autres titres de l’auteur, mais tout est lié en même temps. Le Bleu au-delà n’est pas un roman mais un recueil de nouvelles, une compilation de souvenirs d’enfance et d’adolescence reprenant les thèmes qui sont chers à l’auteur originaire d’Alaska : les relations familiales, l’éducation, la nature, la chasse, les poissons… mais aussi, et surtout, le suicide du père, événement matriciel, douleur fondatrice de toute l’œuvre. Si je me suis passablement ennuyée à la lecture de ce recueil, je dois dire que les quelques passages qui abordent ce sujet m’ont serré la gorge et ce sont les seuls qui, à mes yeux, donnent de la force à l’ensemble.

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« A ma fenêtre, contemplant la lumière jaune pâle d'un lampadaire et passant la main sur la paroi en verre de mon aquarium, je m'obligeai à réaliser. Je n'ai pas de papa, et je répétai cela à voix haute. Je n'ai pas de papa. Mais ça ne me paraissait pas correct. J'attrapai un vieux trophée de foot et l'écrasai contre la vitre de l'aquarium, je sentis l'eau tiède se déverser sur moi, tremper mes jambes et mes pieds. »

 

« La petite plaque de granit répond plutôt bien à mes propres besoins, aussi. J'apporte des fleurs, je m'assieds avec lui, comme dans le temps, sauf que je ne suis plus obligé de préparer des spaghettis. J'écoute les vagues se déchiqueter, je pince une tige de plante grasse entre mes doigts, je lève les yeux vers le bleu au-delà, et parfois, quand j'entraperçois dans les courants d'altitude un battement d'aile insistant et plein d'espoir, j'imagine presque que le père a enfin pris vie. »

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S
J'ai lu ses deux premiers. Grosse claque avec Sukkwan Island aussi. Et depuis, je n'ai pas eu envie de recommencer, je ne sais pas trop pourquoi d'ailleurs
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