Arwen Elys Dayton, Suprêmes
Six époques.
Six histoires.
Six quêtes de perfection.
Depuis des décennies, l'homme cherche à déjouer les règles de la nature pour créer un être suprême. Toujours plus fort, toujours plus rapide, toujours plus beau. Le monde de demain regorge d'ambitions nouvelles et d'évolutions toujours plus performantes. Ce dont on peut rêver, on peut le devenir. Mais l'être suprême pourra-t-il un jour devenir l'être parfait ?
La déception éprouvée à la lecture de Suprêmes est en partie de ma faute : je m’étais fait une idée du contenu complètement erronée et je pensais que les six histoires dont il est question sur la quatrième de couverture allaient finir par se rejoindre et que l’on comprendrait le lien entre les personnages à la toute fin du roman. Surinterprétation de toute évidence. En réalité, il ne s’agit pas d’un roman, mais d’un recueil de nouvelles. Pourquoi pas, ce n’est pas un genre qui m’est inconnu et j’apprécie d’en lire de temps en temps. Malheureusement, j’ai trouvé l’ensemble inabouti et de qualité inégale, et cela m’embête de le dire car je pense que l’auteur a l’imagination nécessaire pour écrire un roman complet sur le sujet et on sent un vrai parti pris au cours de la lecture, parti pris qui se confirme dans la « Note de l’auteur » à la fin du recueil. Suprêmes est donc composé de six nouvelles plus ou moins longues qui traitent de la transformation de l’homme par la science dans une optique d’amélioration globale des performances ou de sauvegarde durable de l’être. Ce sont les nouvelles les plus courtes qui m’ont le plus intéressée : la première et la deuxième. La première, « Paire impaire », aurait vraiment pu donner lieu à un roman : on y rencontre Evan un adolescent qui va pouvoir vivre grâce à sa sœur jumelle Julia, on comprend que le sacrifice de l’un permet le maintien en vie de l’autre, c’est intéressant même si cela aurait mérité un développement : est-ce que ce sacrifice touche tous les cas de gémellité à l’époque où se déroule l’histoire ? Est-ce que les jumeaux naissent en sachant que l’un des deux verra son existence vouée à l’autre ? Dans la deuxième nouvelle, « Sainte Ludmilla », nous rencontrons une adolescente qui dû presque intégralement être reconstruite à la suite d’un grave accident. Son corps ne lui appartient pas. Là encore, idée intéressante, d’autant plus que l’on sent que tout le monde n’est pas d’accord avec ce qui est fait des progrès scientifiques, l’héroïne tente d’ailleurs de cacher l’ampleur des « opérations » subies, pour ne pas dire « transformations ». A partir de la troisième nouvelle, j’ai vraiment eu beaucoup de mal et n’ai trouvé que peu d’intérêt à ma lecture. « L’histoire d’amour du révérend Tadd » nous présente un personnage qui élève sa voix contre les abus de la science. La nouvelle « Libération neuf moins un » est centrée sur l’existence d’un jeune garçon qui subit le poids d’une transformation génétique, c’est une nouvelle que j’ai trouvé pénible à lire en raison de l’appétence du narrateur pour les anagrammes qui, du moins au début, envahissent le texte sans réel intérêt. « Californie » n’est pas l’histoire la plus inintéressante mais je l’ai trouvée maladroitement racontée et peu claire : on y suit un adolescent coureur de filles qui est cryogénisé en urgence avant de succomber à son cancer. Quant à la sixième nouvelle, « Curiosités », je serais bien en peine de vous en parler car, là encore, je ne suis pas sûre d’avoir compris et le contenu et l’enjeu… Je vais toujours au bout de mes lectures et il était impossible pour moi de m’arrêter en chemin, d’autant que la lecture d’un recueil de nouvelles permet toujours les bonnes surprises, mais je dois reconnaître que l’ensemble m’a vraiment déçue et j’en suis navrée pour l’auteure car je pense qu’il y a quelque chose à retirer de tout cela. Je serais curieuse de découvrir une autre de ses œuvres.
L’œuvre en quelques mots…
« Si je suis ici, ce soir, c’est grâce à une série de coups de chance, mais c’est aussi grâce à un faux demi-torse, un faux cœur, un faux poumon… Néanmoins, je ne pourrai jamais avoir d’enfants, parce qu’ils ne savent pas encore réparer ça. » (p.64)
« - Eh bien, nous, on a eu la guerre de Génome, une sorte de conflit philosophique pour déterminer ce qu’on avait le droit de faire aux gens ou non. » (p.226)