Yiyun Li, La Douceur de nos champs de bataille
Le suicide d’un adolescent, le deuil d’un parent. Le dialogue qu’imagine une mère avec son enfant pour continuer à lui parler, à l’entendre, à le faire exister. Le cache-cache intellectuel de deux esprits marqués par le sceau de la création.
Après le très brillant Cher ami, de ma vie je vous écris dans votre vie, qui fut en lice pour le prix Médicis et le prix du Meilleur livre étranger, Yiyun Li rend un hommage plein de tendresse, de poésie et de pudeur à son fils, et mêle magnifiquement l’intime à l’universel : la douleur après la perte d’un être cher, le refuge que constituent les mots et, plus largement, la puissance cathartique de la littérature.
J’ai senti dès les premières pages que j’allais être la petite voix discordante… Et tant mieux si je suis une des seules après tout, je ne voudrais pas vous priver de ce roman qui a certainement des qualités et qui, surtout, aborde un sujet qui ne doit pas être fui. Yiyun Li, que je ne connaissais pas avant cette lecture, présente un roman qui laisse la part belle à l’imaginaire tout en étant ancré dans la réalité la plus insoutenable : le suicide de son fils. Le côté imaginaire, c’est ce dialogue que l’auteure établit avec ce fils aîné, dans lequel elle questionne, rassure et livre tout son amour. C’est typiquement le genre d’histoires dans lesquelles je m’engouffre, non pas que j’aime me faire mal, mais parce que j’y trouve souvent une émotion que je peine à rencontrer ailleurs. Entre le sujet donc, et le titre que j'adore, on partait gagnant. Seulement voilà, j’ai trouvé le dialogue confus, parfois un peu pompeux, et surtout, surtout, je n’ai pas réussi à être émue. Je ne juge en aucun cas l’histoire de cette mère et de son fils, mais bel et bien l’objet littéraire que j’ai entre les mains. Un roman malheureusement plus intellectuel que sensible, à mon humble avis…
L’œuvre en quelques mots…
« Parfois ce qu'on invente est plus réel que le réel [...]. »
« Moi aussi, je t'aime infiniment, dit-il. Je regrette de t'avoir blessée.
Oh. Je ne dirais pas du tout ça. Ce qui blesse, c'est la vie. »