Vivian Gornick, La Femme à part
Vivian Gornick marche dans les rues de New York. La ville lui sert de confidente, de point d'ancrage et d'inspiration. A ses côtés, on monte dans les bus de Manhattan, on arpente les rues bouillonnantes du West Side ou du Bronx. Saisissant parmi la faune urbaine des instants de vérité, elle s'interroge sur tout ce qui a fait d'elle une femme à part, soucieuse de refuser les figures imposées de la société et de défendre sa liberté.
Mais ce voyage intime touche à l'universel car, en chemin, Gornick explore l'amitié, la solitude, le sexe, la vieillesse, la littérature, le couple… Drôle et lucide, elle capture l'essence de nos vies avec une justesse impressionnante.
La Femme à part est le deuxième volet de l’autobiographie de Vivian Gornick, journaliste et écrivaine américaine, connue notamment pour ses prises de position féministes. Je n’ai pas lu Attachement féroce, mais cela n’est pas nécessaire pour comprendre La Femme à part, même si j’imagine que le portrait de l’auteure prend plus d’épaisseur si on lit l’ensemble. Apparemment le premier volet a obtenu énormément de succès et ce, dans plusieurs pays, et The New York Times écrit au sujet du roman sorti le 5 septembre : « En parlant d’elle, Vivian Gornick nous tend un miroir. Elle nous bouleverse ». Encore une fois, séduite par la quatrième de couverture et alléchée par l’avis des critiques, j’ai eu envie de découvrir ce roman et il faut bien reconnaître que je suis complètement passée à côté. Entrer dans un roman autobiographique n’est pas chose aisée, nombreux sont les lecteurs qui ne prennent pas la peine de s’y risquer, mais c’est un genre que j’affectionne donc le problème ne se situe pas là. C’est la forme qui ne m’a pas convaincue et qui, de fait, m’a empêchée d’apprécier pleinement le contenu. Vivian Gornick livre au lecteur ce que l’on pourrait appeler des instants de vie, sans ordre apparent, il n’y a d’ailleurs pas de chapitres. Le passage d’un fait à l’autre, le cheminement entre les souvenirs, le va-et-vient entre les thèmes, ne semblent pas dirigés par la conscience auctoriale mais soumis aux aléas des rencontres et des sensations d’une femme marchant dans New-York. Nombre d’anecdotes prennent ancrage dans la ville : un verre pris avec un ami à la terrasse d’un café, une conversation volée à deux vieilles dames sur la Vingt-troisième Rue Ouest, une situation vécue à la caisse d’un supermarché... Dans ces réminiscences aléatoires, les dates s’entremêlent : l’enfance de l’auteure dans le Bronx, l’après 11 septembre, la fin des années soixante-dix... Il est compliqué de s’y retrouver et, finalement, la multitude d’anecdotes et de souvenirs, qui aurait dû m’aider à reconstituer le portrait de cette « femme à part », ne m’a pas permis de comprendre l’entreprise autobiographique. Pire, je n’ai absolument rien ressenti lors de cette lecture.
Je remercie tout de même Léa du Picabo River Book Club ainsi que les Editions Rivages pour cette lecture.
L’œuvre en quelques mots…
« Il existe deux sortes d’amitié : celle où l’on se remonte mutuellement le moral, et celle où il faut avoir le moral pour voir l’autre. » (p.34)
« Se libérer des blessures de l’enfance est une tâche dont on ne vient jamais entièrement à bout, même au bord de la mort. » (p.119)