Paola Barbato, Bon à tuer

Publié le par calypso

 

 

Corrado De Angelis et Roberto Palmieri sont deux écrivains que tout oppose. Le premier, neurochirurgien, doit son succès à la qualité de ses textes qui ont su redonner au roman policier ses lettres de noblesse. Palmieri est quant à lui un auteur vedette qui ne rate pas une occasion de faire le buzz et passe son temps sur les plateaux de télévision pour le plus grand plaisir de ses milliers de fans, et ce malgré la piètre qualité de ses romans.

Les maisons d'édition de De Angelis et de Palmieri ont passé un accord diabolique : les deux auteurs sortiront leur nouveau polar le même jour à la même heure, et un prix sera décerné à qui vendra le plus de livres. La compétition sera lancée en direct à la télévision. Mais, le grand soir, rien ne se passe comme prévu, et De Angelis disparaît quelques minutes après avoir quitté le plateau. Le mystère s'épaissit lorsque débute une série de meurtres imitant à la lettre les crimes des thrillers de l'écrivain disparu. Une véritable chasse à l'homme commence alors, car tout porte à croire que Palmieri, jaloux et souffrant d'un indéniable complexe d'infériorité, est coupable. Mais la réalité est bien différente et, comme dans chaque roman de Paola Barbato, insoupçonnable.

 

En un mot : excellent ! En deux : vraiment excellent ! Dans la catégorie thriller italien, je connaissais Donato Carrisi, maintenant je connais Paola Barbato et je vais essayer de retenir son nom.

L’histoire commence lorsque Corrado De Angelis et Roberto Palmieri sont invités sur un plateau de télévision. Ce qui les réunit : leur profession. Ce qui les oppose : tout le reste. Tous deux sont écrivains, les écrivains les plus en vue du moment pour être exacte, mais des écrivains dont les personnalités et les écrits ont pris des routes complètement opposées. Corrado De Angelis est un neurochirurgien qui use de sa plume comme d’un bistouri, avec une précision et un talent reconnus de tous, lecteurs comme critiques. Il s’est spécialisé dans les romans policiers et doit son succès à son personnage récurrent sourd et muet, Allen Guazi. Roberto Palmieri, quant à lui, a tout de l’écrivain à succès qui plaît surtout par sa gouaille et son physique, il a beau vendre des millions de livres, ces derniers sont de piètre qualité. Aussi, la présence de ces deux écrivains dans la même émission télé pourrait surprendre. Il s’agit en fait d’un coup de pub des deux maisons d’édition : devant les millions de téléspectateurs présents devant leurs écrans, les deux écrivains s’apprêtent à signer un contrat stipulant qu’ils sortiront le même jour à la même heure leur nouveau roman. Il s'agira de voir, chiffres à l'appui, qui est le meilleur. Le compte à rebours et lancé mais tout ne se déroule pas exactement comme prévu…

Bon à tuer regorge de qualités. La première, celle qui m’a véritablement enthousiasmée, c’est que c’est un roman qui parle de l’écriture et de l’univers de l’édition et qui le fait incroyablement bien. Mais il n’y a pas que cela : la mise en abyme, dont je ne peux vous parler ici sans trop en révéler, est une belle surprise et elle est maîtrisée jusqu’au bout du roman. La deuxième qualité, c’est que le suspense est habilement mené et ce, dès le début, même si la présence de nombreux personnages peut entraver la compréhension initiale de l’intrigue. Il y a notamment un retournement de situation que je n’ai pas vu venir et que j’ai trouvé savoureux. La troisième qualité indéniable, c’est le catalogue de personnages offert par l’auteure. Ils ont parfois un côté stéréotypé qui, loin d’être gênant, donne son charme au roman, certains d’ailleurs ne sont pas très loin de la caricature, mais tous ont une utilité et leur psychologie n’est pas laissée de côté, il n’y a pas de personnage-prétexte, tous servent l’histoire.

Je vous recommande donc chaleureusement ce roman que je n’ai pour l’instant pas vu passer sur les réseaux sociaux…

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Un écrivain n’est personne. Ses mots sont plus grands que lui : ils se fixent dans les mémoires et occultent son nom, son visage, tout. Un écrivain dispose de deux moyens pour devenir plus célèbre que ce qu’il a créé : écrire puis mourir de façon éclatante, ou bien tuer de façon éclatante puis écrire.

La troisième voie est rare.

C’est un saut dans le vide, une métamorphose extrême.

La transformation d’un auteur en personnage. » (p.11)

 

 

 

Bon à tuer

Auteur : Paola Barbato

Traductrice : Anaïs Bouteille-Bokobza

Parution : 05/04/2018

 

 

 

 

Publié dans Littérature italienne

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