Arto Paasilinna, Un éléphant, ça danse énormément

Publié le par calypso

 

 

Emilia est un prodige des arts forains. Belle éléphante de trois ou quatre tonnes, elle maîtrise mille acrobaties et danse la troïka et le gopak à la perfection. Son spectacle ravit aussi bien les spectateurs de son cirque que les passants dans les gares ou les passagers du Transsibérien. Mais les lois se durcissent en matière de spectacle animalier, et Emilia, en sa qualité d’éléphante, se retrouve brutalement au chômage…

Lucia, sa dompteuse, ne peut se résoudre à abandonner son acolyte pachydermique, et c’est ainsi que démarre leur improbable périple, de ferme en ferme dans les forêts de Finlande, jusqu’à un cargo en partance pour l’Afrique. Petit à petit, les personnages les plus farfelus se pressent autour de l’adorable bête, chacun portant secours à ce pachyderme rempli de tendresse qui partout où il passe sème l’enchantement et la zizanie. Entre deux amourettes, Lucia et Emilia s’embarquent dans des dizaines de mésaventures plus insolites les unes que les autres…

 

Emilia l’éléphante n’a que sept mois lorsqu’une nouvelle loi est promulguée en Finlande, le 12 septembre 1986. Il est désormais interdit de présenter des spectacles mettant en scène des animaux sauvages. Les cirques ne sont pas épargnés par cette loi et, pour le directeur du Suomi-Sirkus où travaille Lucia Lucander, les choses sont claires : on ne présentera plus au public des animaux à des fins lucratives. Puisqu’il n’est plus possible de se produire en Finlande, il faudra donc se produire ailleurs ! C’est le point de départ de roman mais également de l’aventure vécue par Emilia et Lucia. Elles commencent à parcourir la Tchétchénie, le Kazakhstan, le Turkménistan et l’Arménie, et trouvent un peu de stabilité lorsque Lucia a l’idée de louer un wagon à bestiaux aux chemins de fer soviétiques. Ce sont des jours heureux vécus d’un bout à l’autre de l’interminable voie transsibérienne. Un personnage masculin rejoint vite le duo, il s’agit d’Igor Lozowski, chef de wagon engagé comme palefrenier et bientôt marié à Lucia. Mais voilà, la Finlande manque à l’ancienne étoile du cirque et un problème de visa va compromettre le mariage qui l’unit à Igor. Qu’importe ! Lucia et Emilia retourneront en Finlande, coûte que coûte, et enchaîneront les aventures et les rencontres.

On est très loin de ce que j’ai l’habitude de lire mais la curiosité n’étant pas un vilain défaut, j’ai souhaité pousser la porte de l’univers d’Arto Paasilinna dont j’ai souvent entendu parler ces dernières années. Je ne sais pas si ce roman est caractéristique de son œuvre, mais j’ai trouvé qu’il y avait un équilibre assez convaincant entre des passages complètement loufoques et des réflexions très humaines. Les péripéties qui s’enchaînent frôlent l’absurde, on se demande même parfois si ce n’est pas too much, les personnages sont présentés de façon très caricaturale, à l’exception de Lucia, mais cela fonctionne plutôt bien. Ces péripéties sont finalement les étapes d’une aventure vécue à la croisée de différents chemins, entre frustration et entraide, complications et amitiés. Ce roman n’est pas un coup de cœur mais j’ai apprécié cette lecture et notamment le lien unissant Lucia et le pachyderme qu’elle a vu naître. Je suis maintenant curieuse de découvrir les romans plus connus de l’auteur comme Petits suicides entre amis

 

 

L’œuvre en quelques mots…

 

« Les éléphants naissent la trompe en avant. Et c'est ainsi que la petite Emilia vint au monde, vive et alerte, en février 1986. Il était minuit passé et il faisait bon chaud dans l'écurie des pachydermes du Suomi-Sirkus, qui avait planté son chapiteau dans la ville de Kerava. La soigneuse Sanna Tarkiainen, alias Lucia Lucander, avait veillé toute la soirée, prête à aider la mise bas. C'était une jeune femme vigoureuse, âgée de vingt ans à peine, originaire de Lemi en Carélie du Sud. Petite fille, déjà, elle avait travaillé au cirque pendant les vacances et, quelques années plus tard, elle avait été admise dans la troupe à titre permanent. Elle rêvait parfois d'accéder au statut d'étoile de la piste, même si elle aimait aussi beaucoup les animaux. » (p.7)

 

 

 

 

Un éléphant, ça danse énormément

Auteur : Arto Paasilinna

Traductrice : Anne Colin du Terrail

Parution : 01/03/2018

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