Hervé Jubert, Paix, sexe et amour
Brice et moi, c'est le jour et la nuit. Lui ne pense qu'au sexe et à ses vidéos porno. Moi je suis plutôt fleur bleue et plus "tranquille dans mon coin" que "fanfaron à toutes les heures". Et puis il y a Laura, cet être merveilleux et unique que j'aime depuis le premier jour. Mais avec ses histoires d'obsédé, Brice risque bien de tout faire capoter !
Et si ce n'est pas lui, ce sera peut-être Claire, cette mystérieuse femme qui a atterri dans sa famille dernièrement...
Au final, ces vacances de Noël auraient dû être tranquilles. Au lieu de ça, on s'est retrouvés en plein Far West. On a eu droit à une attaque de loups, à des échanges de coups de feu... Tout pour nous émoustiller et nous faire frissonner.
Des frissons délicieux, je vous rassure...
Personne ne pourrait parier que Brice et Lucas sont meilleurs copains. Il faut dire qu’ils n’ont pas tout à fait le même caractère et les mêmes centres d’intérêt. Ils ne s’assoient même pas à côté dans le bus. Brice est un adolescent titillé par ses hormones qui apprécie de plaire à la gente féminine. Il s’installe toujours au fond du bus, là où il peut montrer tranquillement des vidéos osées à de petites sixièmes aveuglées par l’attraction qu’il exerce sur elles. Lucas est un solitaire qui travaille sérieusement et passe une partie de son temps au CDI. Dans le bus, il s’installe au milieu. C’est la meilleure place pour observer la nuque délicate de Laura. Brice est aussi volubile et nerveux que Lucas est discret et calme. Tous les deux vivent à la campagne et les vacances de Noël qui commencent dès le début du roman promettent d’être animées : entre les histoires de cœur et l’arrivée de la mystérieuse et très charmante Claire, les deux garçons pourraient bien vivre les deux semaines les plus mouvementées de leur vie !
Paix, sexe et amour est un roman avec lequel j’ai passé un bon moment de lecture et qui me semble adapté aux problématiques des adolescents. Chacun, selon son caractère et sa sensibilité propres, sera à même de s’identifier à l’un ou l’autre des personnages. Leurs qualités et leurs défauts sont suffisamment marqués pour être vite identifiés, car le roman est court et la personnalité de chaque personnage n’a pas pu être fouillée autant que si le roman avait fait plus de 300 pages. Il en fait moitié moins, il faut donc s’attendre à ce que cela aille vite, mais c’est en tout cas un choix de format intéressant qui n’effraiera pas les lecteurs moins aguerris. C’est un roman qui met en valeur l’amitié masculine, une amitié assez brute, moins fusionnelle en apparence que celle que pourrait entretenir deux filles du même âge (j’ai oublié de préciser que Brice et Lucas sont en 4e) mais tout en sensibilité. Vous l’aurez compris, Brice joue les durs mais il a un cœur d’artichaut et rien ne vaut plus à ses yeux que son amitié avec Lucas. C’est également un roman qui interroge les premiers émois amoureux de manière plutôt habile – quoique rapide – et qui offre une réflexion sur l’altruisme et la tolérance à travers l’énigmatique personnage de Claire, une jeune fille dont le quotidien est très éloigné de celui de nos héros et qui réussira à leur apporter beaucoup alors qu’elle ne possède rien. Un petit bémol pour finir : j’ai trouvé que certaines tournures de phrases et certaines expressions ne correspondaient pas vraiment à nos adolescents actuels, je n'imagine pas les entendre parler ainsi en tout cas (ex : « Tu vas faire du gras » ou encore « à la Saint-Glinglin »).
L’œuvre en quelques mots…
« L'amour était censé rendre les gens heureux, leur donner des ailes, les transporter. Lucas se sentait aussi lourd, intelligent et entreprenant qu'une enclume. » (p.13)