Maxence Fermine, Chaman
Charpentier sur les immenses tours d’acier de Duluth, dans le nord des Etats-Unis, Richard Adam n’a jamais oublié le sang indien qui coule dans ses veines. Mais le retour sur la terre natale de ses ancêtres pour enterrer sa mère va toutefois le plonger dans un monde dont il n’aurait presque jamais soupçonné l’existence.
Maxence Fermine pourrait nous lire le bottin, je suis quasiment sûre que ce serait passionnant. Cela ne fait aucun doute, c’est une vraie plume, c’est un conteur. Ouvrez le livre, tournez les pages, et vous voilà transportés auprès d’un feu, dans une réserve indienne dont la quiétude n’est qu’apparente, à écouter des histoires ancestrales d’hommes et de bêtes. C’est un peu ce qui arrive à notre personnage principal, à la différence près que lui a du sang indien dans les veines. Ce n’est pas un voyage qu’il entreprend – avec tout ce que cela comporte d’exotique et d’étranger, c’est un véritable retour aux sources. Et sa source, à lui, c’était sa mère. Source tarie, mère décédée. Retourner sur la terre natale relève alors du besoin, de la pulsion. Comme un appel de la nature. Il découvrira sur les terres de ses ancêtres une famille, une femme, et peut-être un sens à donner à sa vie…
Disons-le tout de suite, ce que je peux reprocher à ce roman, c’est sa brièveté. Si j’ai beaucoup aimé accompagner Richard sur le chemin de sa renaissance, je dois reconnaître que quelques pages supplémentaires n’auraient pas été de trop. J’ai parfois eu l’impression que tout allait très vite mais c’est peut-être aussi parce que tout ce qui arrive au personnage principal est une somme d’évidences. J’ai apprécié que chaque chapitre s’ouvre sur une citation, je crois qu’elles m’ont plu autant que l’histoire de Richard et j’attendais chacune d’elles impatiemment. Je vous en donne deux exemples : « Choisis bien tes mots, car ce sont eux qui créent le monde qui t’entoure. » (Pensée des Navajos), « Fais du bien à ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester. » (Proverbe amérindien). Mention spéciale pour la couverture que je trouve juste sublime dans sa simplicité ! Même si je n’ai pas eu pour Chaman le coup de cœur que j’avais eu pour Neige, il est certain que je poursuivrai avec un réel plaisir ma découverte de l’auteur.
L’œuvre en quelques mots…
« Il n’avait aucune envie de retourner sur les chantiers de construction des grandes villes. Depuis qu’il l’avait rencontrée, elle, son ciel était ailleurs. Dans la profondeur de ses yeux. Dans l’immensité du ciel au-dessus de la réserve. Dans l’espace qui l’entourait, et qui l’attirait comme un aimant. » (p. 157)